Ton Barbier a 5 ans. Pour souligner le tout, nous organisons «Gentleman Urbain», un défilé-spectacle unique le samedi 25 août 2018 à 21h30 à la Place des Arts sur la grande scène du Festival Mode et Design. Fiers de notre tradition qui est de mettre de l'avant des artistes, artisans et designers de mode locale et masculine, nous avons choisi 7 designers qui défileront pour l'occasion. Pour mettre ces créateurs de l'avant, nous les avons rencontrés dans leur atelier respectif.
On m'apelle Flavio. C'est un peu masculin, je trouve ça drôle.
Peux-tu nous présenter ta marque ?
Ma marque s'appelle Flavio. Je ne sais pas si je nommerais ça une marque, parce que pour moi tout ça c'est un peu confus. Je cou depuis vraiment longtemps et quand on fait ça de notre vie, l'identité et le branding de soi devient confus. Je pense que c'est pour ça que j'aime bien utiliser le mot Flavio pour définir mon projet. Avant, j'utilisais «Lechat», qui est mon nom de famille et maintenant, je suis à court de noms. Si je fais autre chose, je vais devoir trouver à l'extérieur de mon nom (rires). Disons que c'est un projet d’art expérimental qui utilise la couture.
Comment tout a commencé ?
Je n’ai jamais commencé et je n'ai jamais arrêté. Mes projets ont juste pris des formes différentes avec le temps et ont évolués de façon naturelle et tout en contradiction. Quand j'ai commencé à coudre, j'étais très jeune, mais après, quand j'ai terminé l'école en design de mode, j'ai travaillé dans l'industrie et j'ai lancé ma marque très naïvement. Quand ça l'a pogné, je me suis rendu compte que je n'avais pas l'expérience nécessaire pour savoir comment avoir une entreprise. Je ne pouvais pas gérer, produire et faire la distribution et la production. C'était juste trop crazy. J'ai mis une pause à tout ça et je suis retourné à l'école au HEC en entrepreneuriat.
Après tout ça, je me sentais prête, je me suis dit que ça pouvait fonctionner. En même temps, l'industrie de la mode m'avait dégouté. La façon dont on voit le vêtement, ce qu'il représente pour nous et le processus de fabrication des grandes marques, ça me répugne tellement que je n’étais pas capable de revenir à ça. Même si c'est ça que je veux faire, je ne trouvais pas de façon de le faire.
Je suis donc allé en cinéma faire des costumes pour la télévision et la publicité. Je suis encore dans ce domaine-là. C'est ça qui me fait vivre et j'aime beaucoup ce métier.
J'ai donc fait une pause pendant un certain temps sans produire aucun morceau complet, sauf peut-être des trucs pour moi-même. Je ne voulais rien présenter, parce qu'avoir une image trop définie, je trouve ça difficile. Je ne veux pas faire de sens nécessairement. J'ai donc pris du temps à réfléchir à ce que je voulais vraiment faire. Quand j'ai recommencé Flavio, j'ai lancé des jackets et des bomberjackets, car c'est ce que je faisais au secondaire et au cégep et c'est ce qui m'alimentait : des mix de couleurs et de matières. Je suis donc revenu à ce type de projet parce que j'avais besoin de le faire et non pas pour satisfaire quelqu'un ou plaire à une clientèle.
Tu as donc diminué ta quantité de production et augmenté la qualité ?
Oui absolument, en quantité minime et risible. Mon autre emploi me prend beaucoup de temps, alors quand j'ai une semaine ou des jours de congé, je me mets sur une nouvelle pièce et je prends le temps d'y réfléchir. J'aime jouer avec les matières. C'est important pour moi que ce soit de la belle laine, je veux savoir d'ou elle vient. Je veux m'amuser en sachant que je ne fais pas de tort. Ça m'écoeure tellement de savoir d'où ça vient et la façon qu'il est récupéré, dans le coton, dans la laine, dans la teinture. Tout ça vient vraiment me chercher. Je ne veux pas faire une pièce qui ne vivra pas longtemps. Peu importe qui se ramasse avec, je veux qu'elle soit donnée ou recyclée si la personne ne le veut plus pour qu'elle dure longtemps. C'est pour ça que je prends des laines dont je connais la provenance et que je fais mes pièces avec le meilleur savoir-faire que j'ai acquis depuis des années.
Elles viennent d'où tes laines, tes tissus et ton coton ?
Je prends toutes mes laines chez un fournisseur en Italie. Environ 100% de mes laines viennent d'Italie d'une des plus vieilles maisons de tissage au monde. J'aime toucher et comprendre la laine et sa provenance. C'est ce qui me rend heureuse, de travailler avec une matière de qualité.
Donc, n'appelons pas Flavio une marque, mais plutôt un projet ?
Oui, exactement! Je ne veux pas appeler ça une marque, parce qu'on s'attend d'une marque à une vision claire et que la compagnie ait réfléchi à son identité, sa vision. Mon projet à moi, c'est juste moi. Ma mission, elle évolue. J'explore. C'est la seule chose que je peux dire. Je ne suis pas à la recherche de vente ou d'argent. Je ne vois pas ce projet-là comme une entreprise, mais plus comme un projet d'exploration artistique et humain.
Si tu avais trois mots pour décrire Flavio ?
Évolutif, douillet… et je dirais indéterminable.
Comment inscrirais-tu ce projet à Montréal ?
Peu importe c'est où, je ne veux pas le décrire. Je veux juste que ça sorte et que les gens de Montréal le décrivent. Je sais que j'ai d'autres choses à donner. Donc, on verra où ça s'en va.
Oui, principalement avec De L'île, parce que je les aime beaucoup. On s'entend bien et on a un peu la même vision du fun qu'on devrait avoir avec le vêtement ou un objet. On a la même approche. J'aime jouer avec les barèmes et travailler avec deux cerveaux. Je planifie faire plus de collabos, car j'aime beaucoup travailler à deux. Créer à deux quelque chose de nouveau et avoir deux points de vue, c'est unique comme approche.
As-tu de nouveaux projets qui s'en viennent ?
Oui, mais je ne peux pas en parler (rires). Sinon j'essaie de faire matcher de nouvelles couleurs : des couleurs soft avec du punch. J'essaie de sortir de ma zone de confort et continuer d'expérimenter.
Site web : flaviolechat.com
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