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38 livres québécois essentiels en septembre – Part. 1

À quoi reconnaît-on que la saison littéraire est bel et bien lancée? Facilement : il y a des lancements tous les soirs, les publications culturelles croulent sous les recommandations, et les étagères des librairies renouvellent sans cesse leur offre. La rentrée est particulièrement généreuse cette année, et nous avons même décidé de séparer notre chronique de septembre en deux pour vous donner le temps d’absorber toute cette information. La deuxième partie suivra la semaine prochaine.
 
 
Phototaxie
Olivia Tapiero
Mémoire d’encrier
Après Les murs (VLB, 2009) et Espaces (XYZ, 2012), Olivia Tapiero change encore de maison d’édition et se retrouve chez Mémoire d’encrier avec un troisième roman qui présente le point de vue de trois personnages, qui témoignent de leur colère et de leur refus des choses établies de façon fort lyrique. La révolution ne se fait pas sans heurts, et les certitudes ne sont jamais totalement inébranlables.
Déjà disponible
 
Cinéma Royal
Patrice Lessard
Héliotrope
Un roman qui sent bon la Mauricie, la taverne classique de Louiseville, et l'intrigue locale. Patrice Lessard, de retour pour un 5e roman chez Héliotrope, aide le lecteur à replonger dans ses vieux souvenirs de beuveries dans un choix fort limité d'établissements, entouré de gens à l'intellect discutable. On y célèbre l’ivresse, le risque, et le caractère toujours fascinant des habitants de région.
Déjà disponible
 
La poudre aux yeux
Joseph Elfassi
Stanké
Deux amis inséparables se voient confier le mandat, par un mystérieux mécène, de produire du contenu médiatique avec un budget illimité, à l’aube du troisième référendum sur l’indépendance du Québec. Elfassi, après Le prix de la chose l’an dernier, se penche sur la vacuité émotionnelle d'une génération fort étrange avec brio, parvenant encore une fois à tirer son épingle du jeu et à produire une oeuvre admirable de « speculative fiction ».
Déjà disponible
 

Infiltrer Hugo Meunier – Enquête sur la vie des vedettes québécoises
Hugo Meunier
Lux
Il est parfois difficile de trouver une publication aussi insipide qu’une biographie de « vedette » ayant principalement à son actif des scandales mineurs et une impressionnante collection d’égoportraits (Un like à la fois, Les Éditeurs Réunis, 2016). C’est pourtant une industrie florissante au Québec, où on ne manque pas de personnages vides à célébrer, et l’enquêteur de choc Hugo Meunier – aujourd’hui tête pensante du Sac de Chips du Journal de Montréal, autrefois journaliste à La Presse et parallèlement employé undercover chez Wal Mart – s’est penché sur le phénomène d’une drôle de manière, en faisant ce qu’il fait de mieux, c’est-à-dire s’infiltrer. Il nous propose donc un drôle d’objet, à mi-chemin entre l’essai, la biographie et le monologue à haute saveur humoristique.
Dès le 7 septembre
 
On n’entend plus jouer les enfants
Allen Côté
Annika Parance
Allen Côté est un auteur saguenéen qui prend habituellement son temps pour bien ficeler ses récits. Il s’agit ici de son troisième roman, et les deux autres datent de 1997 (La ruelle au fond du cœur, Les Intouchables) et 2008 (La société du campus, VLB). Un roman aux dix ans, donc. Ce petit dernier, pétri d’une nostalgie lancinante, met en scène un auteur de romans policiers qui remet tout en question grâce à une histoire d’amour qu’il n’attendait plus, et on est déjà conquis par son style direct et touchant.
Dès le 11 septembre
 
Une vie neuve
Alexandre Mc Cabe
La Peuplade
Il s’agit du deuxième roman de Mc Cabe, après Chez la reine en 2014 du même éditeur. Il s’inspire ici des écrivains français du 19e siècle pour peindre le portrait d’une famille de quatre enfants aux parcours fort différents, dans un Québec en pleine ébullition en 2012. Avec une sensibilité sociologique et un souci particulier pour les liens familiaux, son écriture est une bouffée d’air frais et bénéficie d’une unité stylistique épatante.
Dès le 12 septembre
 
Écologie politique
Dimitri Roussopoulos
Écosociété
Roussopoulos est un écologiste militant montréalais de longue date, dont le premier coup d’éclat remonte à Expo ’67, où il aurait convaincu l’organisation de ne pas permettre à Coca-Cola de parrainer le Pavillon de la Jeunesse. Cet ouvrage revu et augmenté, traduit par Annie Chauveau et Michel Durand, nous raconte l’histoire des politiques environnementales qui ont mené à la situation actuelle, et propose des pistes de solution pour aider à s’en sortir, au niveau individuel certes, mais surtout politique.
Dès le 12 septembre
 
De vengeance
J.D. Kurtness
L’Instant même
Premier roman d’une auteure Innue originaire de Chicoutimi, De vengeance est un thriller narré par le criminel, un processus de plus en plus utilisé qui donne de fort intéressants résultats. On a ici affaire à un tueur en série qui ne répète aucun pattern, et qui est une énigme pour les flics. Le tout, bien sûr, raconté avec une bonne dose de nihilisme bien pénétrant. Un univers sombre inspiré à la fois par François Blais et les grands espaces du Saguenay.
Dès le 12 septembre
 

Simone au travail
David Turgeon
Le Quartanier
Simone, une joyeuse luronne qui gagne sa vie comme illustratrice, en est à son quatrième mariage et semble avoir eu une part à jouer dans une mystérieuse affaire. C’est le base de ce quatrième roman de David Turgeon, qui est lui aussi dessinateur. Le mystère ne réside donc pas que dans l’intrigue romanesque, et on a plutôt hâte de retrouver le pince-sans-rire irrésistible de ce vieil habitué du Quartanier.
Dès le 12 septembre
 
Le cri de la sourde
Sylvie Nicolas
Druide
Située à Matane, l’action de ce roman qui nous présente plusieurs personnages excentriques est surtout un exercice de mémoire, pour se souvenir des petites histoires familiales déformées par le temps et le mythe. Un récit qui traverse plusieurs époques et qui sent la brise de la Gaspésie, entrecroisant rumeurs et superstitions, et des anecdotes ayant frappé l’imaginaire et la jeunesse de l’auteure, aussi sensible que prolifique, dont on annonce avec cette œuvre inclassable le retour en force.
Dès le 13 septembre
 
911
Daniel Leblanc-Poirier
L’Hexagone
Les poèmes de Leblanc-Poirier sont uniques et reconnaissables jusque dans un collectif – lors de la représentation de Nuits Frauduleuses à laquelle nous avons assisté, le printemps dernier au Théâtre d’Aujourd’hui, il était plutôt évident de reconnaître les extraits bénéficiant de sa paternité – et ses recueils, autant que ses romans, sont à notre humble avis des essentiels. Il sort justement un nouveau roman chez Hamac le 19 septembre, Nouveau système, et nous en reparlerons, mais en attendant, rien de mieux que ces délicieuses parcelles inventives et crues.
Dès le 13 septembre
 

Routes secondaires
Andrée A. Michaud
Québec Amérique
Voilà une bien étrange proposition qui plonge le lecteur au cœur du processus créatif tourmenté d’Audrée A. Michaud, dont l’on se souvient surtout comme l’auteure du très célébré Bondrée, en 2014, mais qui a quand même une impressionnante bibliographie. Évoquant un peu une version moins sanglante de The Dark Half de Stephen King, le synopsis nous promet beaucoup de questions, tant sur une amnésique nommée Heather Thorne que sur une auteure qui s’appelle Audrée A. Michaud, et qui est plongée en pleine crise identitaire.
Dès le 13 septembre
 
Calamine
Mélanie Jannard
L’Hexagone
On connaît Jannard, entre autres, pour sa chaîne YouTube qui parle de littérature, mais aussi pour ses nombreuses apparitions dans diverses soirées d’auteurs, et sa sympathique participation à l’édition du recueil Cartographies de La Mèche consacré à la rive nord. Elle nous révèle ici une résilience et une profonde sensibilité, l’œil aiguisé pour les petits détails qui frappent, et ces poèmes en prose constituent des petites histoires fascinantes qui se dévorent, mais ne s’oublient pas.
Dès le 13 septembre
 
La tête sur la table
André Ducharme
Leméac
On peut dire que Ducharme a assez d’activités parallèles pour ne pas ressentir le besoin de sortir des livres de façon régulière, mais aussi que quand il prend la peine d’en écrire un, c’est du solide. Ce deuxième roman du journaliste culturel, après L’homme en morceaux en 2003, nous raconte une histoire de tête décapitée trouvée dans un sac d’épicerie par un homme pas très nerveux qui tentera d’élucider le mystère dans son petit village de Sainte-Ève. Une enquête au ralenti dans un univers violent et burlesque.
Dès le 13 septembre
 

Priscilla en Hologramme
Érika Soucy
L’Hexagone
Quand on a passé Les Murailles à se faire parler du processus créatif de l’auteure, dire qu’on a hâte de découvrir les poèmes qui en résultent tient de l’euphémisme. Chez Soucy, quelques lignes peuvent suffire à installer une ambiance, ou créer une émotion très vive. Une poésie tirée d’épreuves et d’adversité, qui a pourtant l’effet de donner du courage. Voilà une auteure qui ne nous déçoit jamais et dont la force de caractère est admirable.
Dès le 13 septembre
 
Chemin de croix
Hervé Gagnon
Libre Expression
Auteur de plusieurs séries fantastiques – dont Malefica et Le talisman de Nergal – et de multiples romans policiers, avec différents enquêteurs. Après Marcel Arcand et Joseph Laflamme dans des polars d’époque, il nous offre dans sa première incursion contemporaine un portrait de Patrick Kelly, un détective privé à la petite semaine qui se retrouve avec un mandat qui le dépasse quelque peu : retrouver un crucifix supposément sacré et qui semble être en possession d’une bande de jeunes satanistes qui sèment la terreur sur Montréal…
Dès le 13 septembre
 
Maître Glockenspiel
Philippe Meilleur
VLB
Récipiendaire du prix Robert-Cliche du premier roman, ce livre du journaliste Philippe Meilleur, de La Presse, arrivera entre nos mains en traînant avec lui certaines promesses. L’un des seuls romans de notre palmarès qui donne dans le dystopie, il nous parle de Maître Glockenspiel, un despote irritable qui règne sur un pays sans nom où la société insatisfaite fomente une révolte. Toute ressemblance avec un pays réel ne peut être qu’accidentelle!
Dès le 13 septembre
 

L’enfantement
Évelyne Marcil-Denault
XYZ
Psychologue de formation, l’auteure en connaît un rayon sur les troubles de personnalité. Son deuxième roman fait le portrait tout en nuances de Danie, cadre asociale dans un cabinet de recrutement, qui passe à côté de sa vie en espionnant celle des autres. Elle subira une transformation aussi surprenante qu’inespérée au contact d’une nouvelle employée, qui changera ses perceptions au point de carrément « la mettre au monde ». Un synopsis à la fois intriguant et inhabituel.
Dès le 14 septembre
 
Vague d’effroi
Peter Kirby
Linda Leith
Kirby est un auteur montréalais de polars, et un avocat reconnu, qui a déjà écrit trois tomes des aventures de l’inspecteur Luc Vanier, que le public francophone connaît malheureusement peu. Le point de départ du roman est le meurtre d’une itinérante, et l’enquête tortueuse amènera le héros dans plusieurs endroits rébarbatifs et enneigés, en plein milieu d’un hiver glacial. Un univers glauque qui évite aisément les écueils habituels des œuvres policières imaginées par des auteurs qui n’ont pas forcément le réseau de contacts de Kirby.
Dès le 15 septembre
 
Juicy
Mélodie Nelson
Éditions de Ta Mère
La sulfureuse chroniqueuse Mélodie Nelson nous avait déjà offert en 2010 Escorte, un témoignage de ses années passées comme fille de joie, qui présentait de façon directe et agréable les aspects méconnus du métier. Son premier roman, hébergé chez nos amis de Ta Mère, est une « histoire d’amour pornographique » dégoulinante de traits d’esprit qui aurait difficilement pu être écrite par quelqu’un d’autre, une parodie contemporaine sous stéroïdes des trop sages romans Harlequins.
Dès le 18 septembre

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