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Voyager seul : oui, mais…

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Voyager seul : oui, mais…
Crédit: Louis-Philippe Thibault

Au moment d’écrire ces lignes, je suis à l’aéroport de Keflavik. J’attends mon vol de retour vers Montréal. Je viens de passer deux semaines à parcourir l’Islande : 3490 km de route et 158 km de marche et de trek. Seul.

Et, puisqu’à l’exception de mes soirées à Reykjavik, j’ai surtout exploré des régions peu visitées par les touristes, j’étais vraiment… seul !
 

Crédits : Louis-Philippe Thibault
 

Au cours de voyages passés, je suis parti avec des amis, avec la famille, avec une copine, avec ma soeur. Chaque fois, c'était mémorable. Malgré tout, je souhaitais un voyage en solitaire cette année et l’Islande était toute désignée pour ce faire.

De plus, le 24 mai dernier, je venais d'assister au lancement des conférences Nomad Talks, organisées par les fondatrices du blogue Nomad JunkiesSafia et Émilie. Inspirantes et dynamiques, devant une salle bondée, les deux voyageuses ont donné un aperçu de ce qu'allaient être ces futures conférences. Croyez-moi, ce seront des événements incontournables pour tous ceux qui sont curieux et qui aiment voyager. Après les avoir écoutées, tout ce que je voulais, c'était de partir au plus vite !
 

Crédits : Louis-Philippe Thibault

En Islande, la liberté était totale. Je mangeais quand je voulais et ce que je voulais. Je changeais les plans de la journée on the spot, au gré de mes envies. Je m’arrêtais parfois pour embarquer un voyageur qui faisait du pouce. On échangeait alors sur notre expérience actuelle de l’Islande. Ça brisait la routine, mais j’avais tout de même hâte de retrouver ma paisible solitude.

En tant que photographe amateur, je m’arrêtais aussi pas mal (trop souvent), pour saisir le paysage à couper le souffle. Parfois, prendre les multiples clichés nécessaires pour enfin obtenir celui qu’on désire, ça peut prendre du temps. Mais là, du temps, j’avais l’impression d’en avoir à l’infini.

De plus, comme ma collègue de Nightlife.ca l’avait bien soulevé dans un article publié plus tôt cette année, les journées sont longues en Islande. Théoriquement, le soleil se couche à minuit et se lève un peu avant 3h00, mais en vérité, une lumière persiste 24 heures par jour à ce temps-ci de l’année. C’est ainsi qu’un soir, j’ai décidé que j’allais rouler toute la nuit, jusqu’au bout de la péninsule de Langanes, le point le plus au nord du pays.

Là-bas, il n’y avait rien. Que des fermes abandonnées. C’est la première fois de ma vie que je ressentais véritablement cette impression, très particulière, d’être absolument seul au monde. Et c’était mémorable.
 

Crédits : Louis-Philippe Thibault

Quand on parcourt ce petit pays, tout ce qu'on voit est à couper le souffle. Seul, on l’apprécie, mais j’ai réalisé qu’un immense plaisir dans la vie, surtout en voyage, c’est aussi de partager nos expériences, live, là, maintenant.

Partager, ça veut aussi dire de se bâtir des souvenirs communs, ce qui n’a pas de prix lorsqu’on est entre amis ou encore en famille.

Et il y a aussi les péripéties… Par un après-midi lugubre typiquement islandais, je reste pris avec mon véhicule dans une plage de sable noir. Je suis à 50 km du village le plus proche et le temps à l’extérieur, très brumeux, est digne d’un film d’horreur. Je ramasse mes trucs importants et je prends la route à pied. Je ne vois rien ni devant ni derrière. Sincèrement, ce n’était pas la situation la plus confortable de ma vie.
 

Après m'être éloigné du véhicule, j'ai jeté un coup d'oeil derrière moi. Faute d'avoir pu sortir de la plage, j'ai pu obtenir une bonne photo !
Crédits : Louis-Philippe Thibault

Après 30 minutes de marche, une première voiture passe et s’arrête. Des touristes bretons m’embarquent dans leur winnebago. Dans le village de 250 âmes, dans LE seul resto, on appelle LE seul policier. Il part de chez lui à pied et arrive trois minutes après. Il me dit qu’il n’est pas vraiment légal d’arrêter sur cette plage. Les Islandais le savent, pas les touristes. Malgré tout, il ne peut pas vraiment m’aider. Il appelle un ami, LE seul garagiste du village. Celui-ci part de chez lui à pied et arrive trois minutes après. Le gars fait peur. Genre Robert De Niro dans Meet the Parents, mais version islandaise qui n’est pas sorti de chez lui depuis longtemps.

Dans l’auto, il ne jase pas beaucoup, à part pour me parler d’une émission de téléréalité où des gars font des rides de super-jeeps au Groenland. Finalement, il n’est pas dangereux. Il me tire hors du sable, me demande 150$ et quitte. Je reprends la route, heureux du dénouement.

Toutefois, à ce moment-là, je n’ai qu’une chose en tête : autant le moment a pu être inquiétant par instants, autant, entre amis, on aurait eu du fun à nous sortir du trouble du début à la fin.

J’ai adoré voyager seul. Mais il y a eu quelques moments qui m’ont bien fait réaliser combien notre humanité intérieure nous rattrape. L'être humain est une bête sociale, de groupe, de communauté, de collectif, et la vie est là pour nous le rappeler.

Au terme du voyage, en revoyant mes photos, j'ai réalisé que le petit Suziki Jimny avait été un personnage central de ce périple en solo.
Crédits : Louis-Philippe Thibault
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