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Laissez vivre ma petite peau: L’histoire d’un douchebag qui avait une crotte sur le coeur
Crédit: mon narcissisme

L'autre soir, je suis sorti dans un de mes clubs préférés avec des amis. C'était mon anniversaire. 25 ans, ça se fête apparemment avec un maudit gros mal de tête le lendemain. Imaginez la chose la plus sèche du monde (du sable, genre?), ben ça, c'était mon cerveau le lendemain.

Bref, tout ça pour dire que je portais un outfit que je considère cute : un pantalon plissé taille haute avec un crop top manche courte. Tout en noir, à mon habitude. J'étais bien dans ma peau, je dansais avec mes amis, lorsqu'un buddé de premier calibre est passé près de moi avec ses amis pour me pointer le crop top du doigt et dire très fort « What the fuck is that?! » puis rire à gorge déployée comme s'il venait d'inventer les jokes hétérosexistes.

Premièrement, that, c'est un jeune homme chaudaille qui a du fun pour son anniversaire et qui dérange littéralement personne. Deuxièmement, re : « what the fuck is that?! » à son outfit franchement ordinaire. J'veux dire, le gars portait un t-shirt fripé avec des graffitis dessinés dessus. J'pense vraiment pas que tu peux niaiser quelqu'un qui porte un crop top quand t'as l'air de t'habiller chez Jack & Jones, mais bon, ça c'est mon opinion…
 

Chandail « avec des graffitis ».
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J'comprends que tu l'aimes pas mon crop top, buddé. Libârté d'expression, c'est important, j'comprends. J'suis le premier à faire une face surette quand je vois quelqu'un dans l'autobus porter une casquette de chauffeur de train ou, dans le pire des cas, un tricorne (t'as le droit d'aimer ça le médiéval, mais je considère qu'il y a humainement des limites à aimer ça en public).

La différence entre toi et moi, c'est ça. J'fais une face surette et toi, tu cries dans le club parce que tu veux être certain que le jam qui joue n'enterre pas ton premier commandement, toi grand prophète du jeans pas ajusté avec le bord de pantalon pas fait.
 

Même en déguisement, ça me rend mal à l'aise.
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J'suis pas imbécile. J'comprends que tu te sers de ce que je porte pour catalyser ton homophobie. T'es entouré de tes chums de gars et tu crois que c'est cool de niaiser la tapette qui ose sortir sur la Main. Non mais! De quelle audace tu fais preuve! En ce moment, dans ta boîte aux lettres devrait se trouver un diplôme avec deux étoiles dorées que tu gagnes haut la main pour ton esprit aiguisé et ton sens de l'humour décadent. Sur mon bras, buddé.

J'en suis rendu à 25 ans. Me faire refuser des jobs parce que je suis gay, me faire pointer du doigt dans un 5 à 7 parce que c'est l'été et que je porte un short sauvagement court, me faire donner des coups d'épaule en me faisant traiter de fif dans le métro, je me suis habitué à tout ça. Mais je ne devrais pas. Personne ne devrait en fait. Personne ne devrait avoir à se forger une carapace pour se protéger de sa propre singularité, peu importe ladite singularité. J'ai 25 ans et je me suis habitué à des micro-agressions dans le genre. C'est pas tout le temps, mais c'est tout le temps pas nécessaire.

C'est pour ça que, quand tu m'as dit ça, quand tu m'as pointé du doigt, je me suis retourné vers toi et je t'ai fait un clin d'oeil coquin de chez coquin. Pour que tu comprennes que ce que tu venais de dire, c'était ni intéressant, ni drôle, ni utile. J'ai 25 ans et j'ai appris à répondre à ma façon à des actes comme le tien. À 25 ans, je suis tanné de me taire et de faire comme si de rien était. Parce qu'on m'a appris ça quand j'étais petit. Quand je me faisais intimider à l'école. On me disait d'ignorer et que la personne allait arrêter. Ça doit relativement être le PIRE conseil qu'on m'a jamais donné. Parce que quinze ans plus tard, ça continue. Tant qu'on ne répond pas à des actes de violence, ces derniers vont inévitablement se perpétuer. Je ne recommande pas nécessairement à tous les homosexuels de lancer des wink ravageurs aux hétéros qui les harcèlent. Il faut toujours évaluer le niveau de danger associé à la situation. Là, j'étais dans un club où je connais la moitié du staff et j'étais entouré d'amis. Je me sentais assez en sécurité pour répondre à l'acte.

J'ai continué ma soirée, j'ai frenché (un homme!) sur le dancefloor et je me suis fait offrir du champagne. Toi buddé, ce soir-là, combien de bouteilles ton caractère sympathique t'a-t-il mérité? Combien de filles ont ignorées tes (très probablement suaves) approches? Tu devrais peut-être penser à porter un meilleur outfit la prochaine fois que tu sors.  

P.S: 😉
 

Crédit : Snapchat
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