« (Québec) féminisme (n.m.) 1837, du latin femina. Attitude de ceux qui souhaitent que les droits des femmes soient les mêmes que ceux des hommes. (Définition du féminisme dans Le Petit Robert) »
Le féminisme. Est-ce qu’on a peur de ce mot? Selon mon humble opinion: oui, totalement.
Au niveau du « on », je généralise – mais je parle d’une grande partie de la société québécoise.
Oui, je suis féministe. Pour être honnête, je ne m’étais jamais ardemment attardé au sujet avant l’an dernier, environ. Pour moi, et, j’imagine, pour plusieurs autres, gars et filles confondus, la lutte vers l’égalité homme/femme, c’était derrière nous – ou presque. Ben oui, la belle pensée magique et un peu inconsciente. Cependant, je suis devenu beaucoup plus attentif à la chose, et je dois dire que lorsqu’on constate tout le chemin qu’il reste à faire, c'est assez déroutant.
C’est une question qui se fait lancer de tous les côtés possibles dans l’actualité, ces temps-ci. Nous avons même la chance d’avoir une ministre de la Condition féminine qui ne se dit pas féministe. Ou plutôt un peu féministe. À sa manière. Après avoir changé d’idée, quelques jours après son discours. Bon. Pas facile tout ça.
Selon elle, il suffit de vouloir pour faire son chemin et atteindre un statut égalitaire. Je ne sais pas pour vous, mais dans ma tête, ça sonne un peu comme une mentalité qui frôle celle du baby boomer individualiste, dans le genre « moi j’ai été capable, alors vous autres, faites pareil! ». L’affaire, c’est que ce n’est pas donné à toutes, et que dans pas mal de milieux, une femme a bien beau avoir la plus grande volonté du monde, reste que le cadre dans lequel elle évolue lui met des bâtons dans les roues.
Parfois c’est conscient, mais d’autres fois c’est inconscient – et c’est ce qu’il faut changer, aujourd’hui. Souvent, les inégalités et le sexisme, ben ils se retrouvent dans les subtilités quotidiennes. Que ce soit dans la manière dont les gens se parlent dans un milieu de travail, qu'ils entretiennent des liens familiaux, ou même la manière dont l'entièreté de notre système d'éducation est construit. Avez-vous déjà comparé le nombre d'auteurs masculins VS féminins que vous avez exploré dans un cours de littérature? Et pourquoi retrouve-t-on une section « philosophie féministe » dans la plupart des librairies, alors que les bouquins ne parlent pas nécessairement de féminisme, mais sont tout simplement écrits par des femmes? De la philo, c'est de la philo, non?
On a trop souvent tendance à rentrer dans un moule bien confo et suivre une ligne déjà simili-tracée. Faut juste ouvrir les yeux.
Le point que je tente d’amener, c’est qu’il y a un petit (lire gros) manque de connaissances face à la définition du mot féministe et ce que ça englobe. « Moi, je ne suis pas féministe, je suis égalitariste. Ou humaniste. ». First of, le féminisme est un type d’humanisme. Ensuite, pour ceux qui se disent pour l’égalité des sexes : vous êtes féministes. De par sa définition pure et simple, c’est ce que c’est, le féminisme. Le but, ce n’est pas que la femme devienne supérieure à l’homme. Le but, c’est l’égalité.
« Ouais, mais il y en a plein de types, de féminismes! ». Oui, je suis d’accord. Mais je suis aussi d’accord sur le fait que le temps qu’on perd à s’obstiner sur la sorte de féminisme qui est socialement acceptable, on pourrait l’utiliser pour améliorer la situation de l’égalité, par exemple.
Pour ceux et celles qui – comme notre chère Sophie Durocher – excusent Lise Thériault de ne pas vouloir se coller d’étiquette, parce que le mot est empreint d’un passé quelque peu radical, il faudrait penser à l’histoire de manière logique, justement. Le mot féminisme détient bien évidemment des racines à saveurs radicales, parce qu’il provient d’un mouvement de contestation et de revendication. Or, personne n’a jamais rien obtenu en restant assis et en acceptant son sort – par peur de déranger les autres.
En ce sens, certaines femmes ne veulent probablement pas s’associer directement au mouvement – par peur d’être identifiées parmi celles qui descendent dans les rues en brûlant leur brassière, pour donner un exemple un peu cliché. Fine. Mais ces femmes oublient que ce sont ces actions-là qui déclenchent des débats et qui font avancer les choses.
Un mouvement revendicateur, ça évolue. Le féminisme, c’est beaucoup plus que du simple sensationnalisme. Au final, certains courants ne s’entendent pas, mais le fait de ne pas vouloir « s’afficher » en tant que féministe, c’est se désolidariser.
Pour citer Mathieu Charlebois du magazine L'Actualité – parce que j’ai simplement adoré la manière dont il a comparé son idée: « Un moment donné, il faut appeler un chat, un chat. Pas un « animal » sous prétexte que c’est plus inclusif et qu’on connaît un chat qui vomit toujours plus sur le tapis. »
Tsé-veut-dire?
Est-ce qu’on se sert du mot féminisme quand ça nous arrange? Peut-être.
Pour faire un petit clin d’œil à un passé pas si lointain, revenons rapidement vers la Charte des valeurs québécoises que voulait implanter le PQ lors de sa dernière campagne – dans laquelle la condition féminine était au top des priorités de pas mal de québécois – et que le fameux port du hijab était une grande entrave à la liberté et aux acquis féminins. Ah ben là! Là c’était correct d’en parler, de féminisme. Et des luttes des grandes femmes de ce monde. Là, on pouvait les citer et leur accorder respect.
Je ne suis pas en train d’essayer de jouer au moralisateur ou au sociologue. Ce billet ne reflète que mon opinion et quelques constatations. Je crois seulement qu’en 2016, les gens devraient arrêter d’avoir peur de ce mot.
Tourner autour du pot, ça commence à devenir redondant.