Aller au contenu
Fin de la nudité dans les pages de chez Playboy: qu’en penser?
Crédit: Ellen von Unwerth / Playboy

Le double numéro de Playboy pour les mois de janvier et février 2016, présentement en kiosque, est la dernière édition où des photos de femmes nues apparaissent. Le site Internet de Playboy est quant à lui Safe for Work, donc sans nudité et ce depuis 2014 (je vous en reparle plus bas).

Voici un signe des temps qui changent. Les Playmates ne seront plus dans-leur-plus-simple-appareil. C’est quand même une partie de notre jeunesse (pour les plus vieux de nous) qui disparaît avec le centrefold du Playboy, cette page au centre de la publication que l'on pouvait détacher pour en faire un poster pour chambre d'ados, ou garage de père.

Et c’est une bonne chose!

Vers 11-12 ans, pour les jeunes banlieusards que nous étions, se rincer l’oeil, ça voulait dire aller au Couche-Tard, insérer la plus récente édition du mensuel de Hugh Hefner dans un magazine plus fréquentable pour les gamins. Pas d’Internet, ça demande de la stratégie. Et c’est dommage que la seule chose que nous connaissions de ce magazine soit ces femmes nues. Pas qu’elles étaient désagréables à regarder…

La première à exposer ses « talents » a été la célébrissime Marilyn Monroe, en 1953! Dites-vous que ça ne faisait que 13 ans que les femmes avaient le droit de voter au Québec, et au sud de la frontière, un excentrique réussissait à vendre près de 55 000 copies d’un magazine avec des toutes-nues. Pas pire choc culturel… Imaginez, le numéro de novembre 1972 a vendu 7 161 561 copies! Il est estimé que le quart des collégiens américains étaient abonnés ou l’achetaient tous les mois… 
 

Source : Metronews
 

Si ce sont les playmates du mois photographiées dans pas-beaucoup-de-vêtements qui ont le plus propagé la notoriété du magazine, tout comme l’extravagance du lifestyle de Hugh. Malgré cela, les solides articles de la publication ont toujours été de grande qualité. Vraiment! Et là j’en connais qui vont apprendre que non, les pages pleines de lettres n’étaient pas qu’une excuse pour publier des seins nus. Le grand Vladimir Nabokov y a publié de la fiction, tout comme Kurt Vonnegut, John Le Carré et Michael Crichton. Ce sont pas des tatas eux autres!

Et c’est la mission que se donne maintenant Playboy pour rejoindre un public qui le fuit trop, faute d'intérêt des gars d'aujourd'hui pour le centrefold, vestige d'une ère dépassée. Le mensuel a toujours voulu être à la fine pointe des intérêts masculins et proposer une vision moderne de l'univers dans lequel évolue le playboy-gentleman type. C'est un retour aux sources qui veut mettre l'accent sur l'intelligence de ses collaborateurs et de son lectorat.

On s’entend que désormais, pour voir du nu, l’Internet a bien des solutions pour quelqu’un qui se sent un peu seul… Donc, retour aux sources, vers des sujets qui intéressent les hommes et écrits avec rigueur. C’est aussi signe que les temps changent, et pour le mieux! On peut remercier les Internet, jusqu'à un certain point, on s'entend!

Ceux qui détestent le politiquement correct en déchireront peut-être leurs chemises brunes, mais il faut remercier les plateformes telles que Facebook, Instagram et Twitter. Elles limitent la nudité, et comme les lecteurs en ligne passent très souvent par ces plateformes pour ensuite être redirigés vers un site tiers, Playboy perdait beaucoup de lectorat potentiel et aussi beaucoup d'annonceurs publicitaires qui ne voulaient pas nécessairement être identifier à des femmes nues.

Depuis la réouverture de son site en version Safe for Work, la moyenne d’âge du lectorat a chuté de 47 à 30 ans, et le trafic est passé de 4 millions de visites uniques à plus de 16 millions!! C’est pas compliqué, ça a donné la chance à plein de lecteurs de sortir du placard…
 

Même une publication attardée mentale comme The Sun, en Angleterre, le pire journal crade du démon, a jonglé avec l’idée de ne plus mettre une fille à la poitrine « nourrissante » sur sa page 3 au début de l’année 2015. Il y a des dinosaures plus désespérants que d’autres. Par contre, si une machine comme Playboy change le coeur de son identité machiste et sa précieuse image de marque, peut-être que de bonnes choses se mettent en place.

Des lecteurs qui auraient appris à voir les normes de sexualité que prônent Playboy comme étant LA norme vont devoir se faire une vision plus équilibrée de la vie. La vision de la femme se modernise petit à petit dans le monde occidental, et le magazine n'encouragera plus des stéréotypes qui datent de 1953. L'équilibre restera par contre toujours fragile, comme l'a dit Emma Watson dans un discours bien ficelé…

Plus de contenu