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2 minutes avec Lavender May, la princesse du burlesque montréalais
Crédit: Al Kukrapok

Saviez-vous que Montréal est en train de devenir une capitale mondiale du burlesque? Du moins c’est à quoi s’emploie Marie-Sophie Rondeau alias Lavender May, danseuse de burlesque, productrice de spectacle, couturière, maquilleuse et créatrice de vêtement d’inspiration vintage. Afin d’en connaitre davantage sur la scène burlesque montréalaise, j’ai décidé d’avoir un petit entretien avec la jolie pin-up, quelques semaines avant qu’elle souffle ses 24 chandelles lors de son anniversaire CAKE FÈTE. C'est au bar La Cabane qu'on a pris une bière avant l'une de ses prestations au Wiggle Room.
 

Comment en es-tu arrivée à être danseuse de burlesque?
Ça fait depuis 2011 que je fais du burlesque. Donc depuis quatre ans environ. Je fais de la couture et des costumes depuis que j’ai 8 ans. Quand j’étais au secondaire, je faisais des robes de bals sur mesure. J’avais environ 10 commandes par année. J’ai toujours aimé faire des robes de bal sexy. Je faisais des robes avec le dos ouvert, on pouvait aussi voir les côtes ou parfois je les faisais très courtes. J'ai ainsi commencé à me faire des clientes petit à petit.

J’ai lâché mes études en design de mode à Marie-Victorin parce que c’était beaucoup trop de par cœur pour moi. Je fais de la couture depuis que je suis petite et de me faire dire par une vielle madame comment faire un rebord de pantalon, non merci! Je faisais des trucs avec des plumes, des trucs spéciaux et sexy que tu n’apprends pas en design de mode. J’ai donc décidé de faire des vêtements vintage parce que je ne crois pas aux pièces made in China, ça me dégoute!

J’ai commencé à travailler à la friperie Kitsch'n Swell et la propriétaire était Tiger Lily, une danseuse de burlesque. Elle m’a appris que dans le burlesque, le plus orignal que tu peux être, le mieux c’est! On va se souvenir de toi si tu réussis à te créer un personnage fort et épique. Être original, c’est un peu  mon but dans la vie, alors je me suis rapproché tranquillement de ce milieu-là. Vu que je fais des vêtements, j’ai installé mon kiosque au festival burlesque. On s’était habillée en pin-up pour en jeter plein la vue et ça a marché! J’ai participé à des défilés de mode avec mes créations et c'est ainsi que j'ai cotoyé cet univers. Je savais que j’étais capable de faire des spectacles.

Crédit : Pretty Propaganda

Est-ce qu’on peut vivre du burlesque?
Honnêtement, c’est très difficile de vivre du burlesque à Montréal. Une chance qu’il y a le Wiggle Room et le restaurant Atame. J’ai aussi organisé des spectacles plusieurs lundis à l’Abreuvoir pendant un certain temps, mais ce n’était finalement pas rentable. Avec les soirées Speakeasy Burlesque, j’ai aussi produit des spectacles au Café Cléopâtre durant le Zoofest à l’été 2013. Je m’implique beaucoup, même si ce n’est pas toujours rentable. Il y a plusieurs endroits à Montréal qui ont accueilli des spectacles de burlesque : le Château Champlain, le Club Soda, le Lion d'or, le Cabaret Underworld, le Café Campus et plus, mais ce n'est que des événements spéciaux.

Il y a environ 20-25 danseuses burlesques professionnelles et amatrices à Montréal. Mais il n’y en a environ qu’une quinzaine qui roule. Il n’y a pas beaucoup de filles qui font juste du burlesque, parce que tu es obligée d’avoir un autre travail. Moi j’arrive à faire beaucoup d’autres projets sur le side. Je suis maquilleuse, coiffeuse, styliste et j’ai toujours des petits contrats qui me permettent de vivre. Je fais beaucoup de costumes aussi.

Quel sont tes autres projets?
Je pars bientôt une compagnie de lingerie. J’ai trouvé des partenaires qui vont pouvoir s’occuper de la mise en marché. Je vais pouvoir me concentrer sur la conception, le design, je vais pouvoir ainsi dessiner et coudre.

J’ai accumulé beaucoup de vêtements et de tissu vintage depuis plusieurs années. Je suis la danseuse burlesque qui a le plus de costumes à Montréal. J’ai deux pièces remplies, plus une pièce chez mes parents et la moitié chez une amie dans son appartement. Je voulais ouvrir une boutique de vêtements, mais je ne peux finalement pas tout faire moi-même. Je ne peux pas gérer ma carrière, ouvrir une boutique, une ligne de vêtements et produire des spectacles. C’est un peu trop. Je n’ai pas le temps et j’ai finalement trop de projets! (rires)

J’ai participé au Banquier à la fin de 2013 et j’ai fait une performance burlesque un dimanche à 20h sur les ondes de TVA. J’ai gagné un bon petit montant, ce qui m’a permis de faire une tournée européenne et de me dédier entièrement à ma carrière burlesque.

Crédit : Frank Lam

Est-ce qu’il y a des danseuses qui t’ont inspirée?
Tiger Lily a eu une grande influence puisque c'est elle qui m’a initié. Sinon il y a BonBon Bombay et Lady Josephine. Ce sont des filles qui se dédient 100% à leur art et elles étaient là avant moi. Si j’ai des conseils à demander, c’est elles que je vais voir. Je suis très chanceuse de les côtoyer, de performer avec elles, car elles sont un peu comme mes mentors. Elles donnent des cours de burlesque en plus. J’aime bien Miss SugerPuss aussi parce qu’elle chante et qu’elle a beaucoup d’humour. El Diablo, c’est une personne vraiment chill dans la vie. J’aime aussi Madria, c’est une très bonne amie et elle est très à son affaire. Il y en a plusieurs autres aussi, comme Lou Lou La Duchesse de Rière qui m’a donné mes premières chances.

Est-ce qu’il y a beaucoup de filles qui font du pôle dance?
Non, vraiment pas. C’est très rare, je n’en connais même pas. C’est vraiment deux scènes différentes. C’est très rare qu’une fille aille utiliser un pôle pour son numéro. C’est deux univers vraiment différents. On est payé beaucoup moins qu’elles (rires) et il n’y a pas d’extra! On ne monte par les nipples au burlesque.

J’imagine que le public est différent aussi?
Beaucoup de personnes pensent qu’il y a des creeps qui viennent nous voir, mais en fait la majorité de la clientèle du burlesque ce sont des femmes ou des couples. Avec Speakeasy, j’ai aussi commencé à me faire une clientèle plus jeune. Sinon, ce sont des « adultes » qui viennent voir les spectacles et qui ont 25$ à dépenser pour assister à une soirée.

Crédit : Alexandre Turcotte

Est-ce que tu danserais dans un strip-club?
Je ne le ferais par parce que je suis une danseuse de burlesque. Je veux dire, je le ferais peut-être si le burlesque n’existait pas, mais j’inventerais probablement ma façon de danser le burlesque. J’aime vraiment ça. L’atmosphère d’un spectacle burlesque est vraiment différente d’un strip-club.  Il n’y a personne qui te manque de respect et personne qui vient juste pour se rincer l’œil. Ils viennent pour voir un spectacle, pour voir de l’effeuillage théâtral. Ils viennent pour s’amuser, se lâcher lousse, rire et crier. C’est un échange d’énergie entre le public et la danseuse. Chaque fille a une énergie particulière.
 
Les filles au burlesque sont toutes différentes en plus!
Exact et c’est ce qui est beau. Voir une fille qui est soi-même, qui s’assume et qui est fière de son corps, il n’y a rien de plus beau! Il y a des gens qui m’ont dit que c’était le fun que je fasse du burlesque parce que j’avais des petits seins (rires). Il y a des filles très minces et qui n’ont pas beaucoup de seins, des filles plus rondes, des filles plantureuses et en chair. La préférée de tous les spectacles que j’ai faits, et dieu sait qu’il y en a eu des jolies filles, c’est Cherry Typhoon. Une petite Japonaise avec un belly. Elle était folle sur scène. Elle débordait d’énergie et elle s’assumait complètement.

Est-ce que ça te stresse lorsque tu fais une performance sur scène?
Ça ne me stresse pas quand je performe, mais avant de rentrer sur scène oui! Je suis une autre personne une fois sur scène, complètement. Je ne suis pas une danseuse professionnelle, je n’ai même jamais pris de cours de danse. Ça m’aiderait peut-être, mais je suis trop occupée! De toute façon, je m’en sors très bien sans.(rires) C’est ma présence sur scène, mes faces et mes mimiques qui attirent mon public.

Est-ce qu’il y a des gars qui font du burlesque?
Oui il y en a! Mon préféré c’est Billy L’amour. C’est une drag, mais elle est vraiment débile. Elle fait des écartements de jambe que la plupart des filles sont incapables de faire. C’est la meilleure danseuse à Montréal. C’est une showgirl du Moulin-Rouge, elle fait du french-cancan et elle est excellente! Sinon il y a aussi Roco Stone. C’est un contorsionniste et il est gai, mais tout le monde l’aime, même les hétéros. Il réussit à enlever ses vêtements avec ses orteils!

 

Crédits: Felix Bernier

Ça serait quoi ton style à toi?
Je suis la sugergirl, la petite fille cute, colorée, bonbon et pastel. Je passe partout. J’ai un numéro où je donne de la barbe à papa et un autre où je me baigne dans un gros gâteau. Je peux même performer devant les enfants, ce que j’ai déjà fait dans un mariage. Je suis la fille sweet. J’ai bâti mon personnage et je le fais évoluer. J’ai aussi un numéro d’Alice au pays des merveilles avec un énorme champignon. 

Quelle performance t’a le plus marqué?
Quand j’ai fait un spectacle à Kahnawake lors d’une danse de Saint-Valentin et que j’ai réussi à faire rire une salle complète avec mon numéro de Coton-Candy. Ils ont tous ri en même temps. Mais il y a beaucoup de performances qui m’ont marquées. J’ai tourné à Paris dans des petits sous-sols et à Londres dans le plus grand festival burlesque. Le premier spectacle que j’ai fait, c’était au Capitole de Québec!

Où est-ce qu'on peut te voir?
Le plus souvent au Wiggle Room et au restaurant Atame. Je fête aussi mon anniversaire le vendredi 30 janvier! On va faire des performances avec des gâteaux et se lancer du cake, ce sera malade!

Suivez Lavender May sur Facebook ou sur Instagram et ses productions Speakeasy Burlesque.

Crédit : Marc L. Photography
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