L’idée du vêtement unisexe est venue des questions comme: Qui a décidé que l’homme et la femme doivent s’habiller de telle façon? Qui a donné ces codes là, d’une garde-robe masculine et féminine et comment on s'est rendu aux standards vestimentaires actuels? Si on regarde un peu l’histoire du vêtement dans le temps de Louis XIV, les hommes portaient de petits talons, ils se maquillaient et se coiffaient etc… Ce que je veux dire avec ça c’est que plusieurs codes ont passé dans l’histoire du costume, pour la garde-robe de l’homme et la femme. Mais personne ne s'est posé la question: Qui a décidé de tout ça et comment on s’est rendu à tout ça? Moi ce qui m’intéressait, c'était de créer un vêtement dans lequel je pouvais exprimer ma façon d’être. Parce que, lorsqu’on voit quelqu’un, le vêtement est une des premières formes d’expression. Pour moi, s’exprimer, c’est de mettre ma personnalité dans mes vêtements et dans tout ce que je touche. C’est une façon d’être, qui est libre de toutes formes de limitations qui peuvent se faire par l’âge, par les religions, les nationalités, les races etc… Cela peut limiter les gens à voir beaucoup plus loin de ce qu'ils peuvent devenir et être. Finalement, c'est ce tout, je voulais le mettre dans un vêtement et c’est comme ça que j’ai commencé ma première collection unisexe à Paris. Une collection qui ne suit aucune culture, aucune conformité, aucune référence aux tendances et qui n’est pas uniquement pour homme ou femme.
Si on regarde les vêtements traditionnels japonais qui sont des vêtements assez amples, qui ne prennent pas en considération la forme du corps. Il est plus difficile de distinguer la coupe d’un vêtement masculin et féminin. Est-ce que cette culture est une source d’inspiration pour vous?
On me fait souvent cette remarque, mais je ne m’inspire jamais d’une tradition, d’une culture ou d’un pays en particulier. Par contre il y a beaucoup de gens qui remarquent plusieurs formes japonaises dans ce que je fais. Mais, il n’y a aucune référence traditionnelle japonaise. Mes formes sont rectangulaires, alors c’est pour ça que mes coupes pourraient faire penser à cette mode en question.
Les vêtements Rad Hourani sont-ils faits pour être accessoirisés avec des pièces qui les rendent plus masculins par exemple? Ou bien ils sont conçus pour être portés en gardant l'aspect unisexe?
C’est très important que mes vêtements soient libres de toutes références. Que ce soit masculin, féminin, rock, gothique, etc… Parce que je veux donner la liberté à nimporte qui de l’adopter dans sa garde-robe à sa façon. Alors, si quelqu’un a envie de le porter décontracté avec des sneakers ou une fille à envie de le porter avec des talons plus chics, ils peuvent le faire. Ils sont libres de toutes références pour pouvoir donner la liberté de les adopter à nimporte quel style. Il y a certaines personnes qui pensent lorsqu' ils voient les photos de mes défilés, que les vêtements sont pour les gens androgynes, grands et minces. Ce n’est pas du tout ça. Je présente les vêtements de façon plus neutre, qui n’est pas précise dans un style, pour donner à tous la liberté de les adapter dans leur garde-robe.
Vous avez deux lignes de vêtements, soit Rad Hourani pour la haute couture et Rad by Rad Hourani pour le prêt-à-porter. Le processus de création est-il le même pour les deux collections?
Le processus découle de la haute couture, parce que c’est là que la conception de base commence. La haute couture est beaucoup plus complexe, beaucoup plus détaillée et les matières sont différentes. Donc, je prends les formes de la haute couture et je les adapte d’une façon prêt-à-porter, avec une construction toujours assez détaillée, mais beaucoup plus logique par rapport au prix et au temps de confection. Ces vêtements gardent tout de même leur identité. Le travail de la haute couture est très différent, par exemple un veston peut prendre un mois à faire, tandis qu’un veston prêt-à-porter peut prendre deux ou trois jours.
En créant la haute couture, est ce qu’il faut toujours faire référence aux codes établis par la chambre syndicale de la haute couture?
Oui, mais j’ai mes codes personnels aussi. Souvent les maisons haute couture vont travailler avec des broderies, des plumes, des dentelles qui sont des techniques plus historiques. Moi je travaille plus dans la construction, la fabrication, les formes et dans le côté sculptural du vêtement. C’est là que ça devient de la haute couture.
Comment trouvez-vous la mode d'ici?
Pour être honnête, je ne suis pas vraiment la mode en général. Je ne suis pas interessé par la mode, je suis interessé par l’esthétique. Mon inspiration peut venir d’un immeuble, d’une auto ou d’une forme de fleur. Bref, nimporte quoi que je regarde en général. Est-ce que je connais la mode à Montréal? Non je ne connais pas. Est-ce que je connais la mode à Paris et à New York? Peut-être, mais ce n’est pas quelque chose que je suis. Mais il y a du talent à Montréal et ailleurs, c’est pour ça qu’au Centre Phi, dans la boutique éphémère, j’ai invité des artiste de Montréal pour montrer leurs talents. Entre autres, l’architecte Gilles Saucier, le chorégraphe Edouard Lock, les musiciens Pierre Lapointe, Chris Garneau, Jacques Greene, Mekele et bien d'autres!
On voit souvent Pierre Lapointe porter des vêtements Rad Hourani et il performera dans le cadre de l’exposition. Quelle relation entretenez-vous avec lui?
Pierre est un ami. C’est quelqu’un qui a beaucoup de talent autant dans l’écriture, dans le chant que dans ses mélodies. Pour moi, il est l'un des artistes les plus talentueux du Québec. J’encourage son talent et c’est un grand plaisir de collaborer avec lui pour ses projets.
Nous avons su que vous aviez un grand intérêt pour la musique. En tant que visionnaire de l’art, quel lien pouvez-vous faire entre vos créations vestimentaires et celles dites musicales?
Je trouve que c’est important de stimuler tous les sens et je le fais à travers les vêtements, la photo, la musique, etc… J'ai toujours travaillé avec les musiciens pour mes défilés, que ce soit sur les notes, les tons et les mélodies. J'ai une bonne expérience dans le domaine de la musique, entre autres, je travaille souvent avec le musicien Montréalais Mekele.
L'exposition donne la chance de voir son étude faite sur le corps humain qui lui a permis de créer ses 20 collections. En plus d'une boutique éphémère, des prestations musicales s'ajoutent au programme lors de l'évènement.
14 novembre : Pierre Lapointe et Chris Garneau
29 novembre : Jacques Greene et Mekele
Pour avoir plus d'informations et billets de spectacle c'est ici.