César est Directeur artistique du magazine montréalais Dress to Kill. Il a travaillé pendant 20 ans environ dans les médias. Émigré en 2006 au Canada, il a commencé à collaborer rapidement pour des magazines à Toronto et Montréal en tant que Directeur artistique et photographe. Fan de Dress to Kill dès la parution de la publication, il s’intègre à l’équipe du magazine en 2013.
Premièrement, pouvez-vous nous parler un petit de vous et de votre parcours ?
J’ai toujours été une personne très créative, à l’école j’avais de la difficulté avec les mathématiques, l’histoire, etc. mais une facilité pour tout ce qui était lié à la création. Durant mon adolescence, j’ai décidé de faire un Bac en design graphique et je me suis rendu compte que c’est ça qui me rendait heureux.
Dès ma jeunesse j’ai toujours aimé les magazines, à l’école primaire et secondaire j’ai réalisé des magazines, on prenait les photos et on faisait des collages avec des articles que l’on écrivait nous-même. C’est à l’université que j’ai décidé de travailler dans l’industrie des médias imprimés, et en même temps j’ai découvert ma passion pour la photographie. Au Mexique, j’ai travaillé pour des journaux, magazines et même dans une maison d’édition des magazines et films pour adultes. (Très payant au niveau financier).
J’ai aussi travaillé comme photographe pendant quelques années à Montréal et Toronto; je réalisais les covers des magazines gais comme Être, 2B; Outlooks et Fugues.
Depuis combien de temps êtes-vous Directeur artistique pour DTK Magazine ?
Je débute comme graphiste il y a 6 ans sous la direction artistique d’Ewa Bilinska qui est fondatrice du magazine. Petit à petit, j’ai commencé m’impliquer de plus en plus. Après un an; en 2004, Ewa est partie de la compagnie et j’ai pris sa place. J’ai beaucoup appris d’elle et de la façon de travailler au magazine.
Mon travail est de donner une personnalité visuelle au magazine, on montre le travail des meilleurs photographes, stylistes, maquilleurs, etc. chacun avec une vision différente. C’est donc nécessaire de mettre tout ensemble et de donner une cohérence visuelle au magazine, il faut que le magazine soit beau à lire. Pour le 10ème anniversaire j’ai eu aussi l’opportunité de refaire le logo. Ça parait facile, mais ça a pris des maquettes et des essais avant que tout le monde l’approuve, ça a pris probablement deux semaines.
Il y environ 4 ans, on a aussi créé la version pour homme du magazine, le DTK MEN, alors qu’à cette époque-là on a redésigné le magazine Dress to Kill pour le rendre plus féminin. J’ai fait une recherche des typographies et chartes graphiques pour créer ce qui est le magazine aujourd’hui.
Le magazine m’a donné beaucoup de liberté, je pense que nul part ailleurs j’aurais eu autant de liberté dans mon travail, et ça beaucoup donné! J’ai été nominé 2 fois aux prix A! de Diseño au Mexique (le prix les plus prestigieux pour les designers graphiques) dans la catégorie meilleure publication. J’ai gagné la deuxième place l’année passée.
Quelles sont les aptitudes et qualités nécessaires pour exercer vos fonctions ?
J’ai un bac en design graphique et une passion pour les magazines depuis longtemps. Je dois avouer que le magazine m’a appris à travailler minutieusement, j’étais habitué à faire plusieurs pages dans une journée ailleurs où j’avais déjà travaillé, mais chez Dress to Kill il faut que chaque page, que chaque article et que chaque édito soit beau. Le magazine garde des standards de niveau international. C’est grâce à cette éthique de travail que le magazine s’est rendu à ce niveau. Aujourd’hui, les meilleurs talents et mannequins en Amérique du nord on collaboré avec nous.
Ça arrive souvent qu’on passe des jours à faire et refaire des pages, choisir le cover c’est toujours une tâche qui prend plusieurs jours. Sylvain Blais et Kathia Cambron (deux des fondateurs) sont extrêmement minutieux avec les détails, ça me permet de me surpasser à chaque magazine.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus de votre métier ?
La création, la liberté que j’ai de faire ce que j’ai toujours rêvé de faire. Rendre le monde plus beau à travers mon travail. Aussi, travailler avec des gens que j’admire, les meilleurs photographes au Canada, les meilleurs mannequins, la crème de la crème. Aller aux shootings, rencontrer des mannequins. La fierté d’être mexicain et montrer que l’on peut faire du beau travail dan une société où c’est plus difficile de se faire une place dans le milieu professionnel si on n’est pas né ici. En plus de devoir travailler en français et en anglais qui ne sont pas mes langues maternelles.
À l’inverse, y a-t-il des points qui vous plaisent moins ?
Les deadlines, on vie l’enfer pendant deux ou trois jours. Je suis le dernier dans la chaine de production au magazine, on reçoit très souvent des changements majeurs à faire quand l’imprimeur nous attend avec les fichiers pour l’impression. Aussi, le stress de savoir que j’ai toute une responsabilité, une fois que l’imprimeur reçois le « Ok » de la presse, cela veut dire que l’on ne peut pas arrêter l’impression et toute erreur sera imprimée.
Comment décrieriez-vous le monde de la mode actuellement ?
En changement, le phénomène Zara et H&M qui ont transformé complètement le monde du commerce de détail. On vit un fast-fashion qui rend de plus en plus dure la vie des designers locaux. On dirait qu’il nous reste que le haut de gamme et le fast-fashion jetable, tout ce qui est entre les deux est en transition vers un futur incertain.
Autre point, l’internet et les réseaux ont transformé de façon très rapide le monde et la perception de la mode, on consomme de la basse qualité et à bas prix. Toute la production est faite dans les pays en voie de développement, ce qui rend le panorama très difficile pour les marques locales qui doivent faire concurrence aux géants du fast-fashion.
Et celui de l’édition ?
Absolument tous les médias traversent une crise assez importante. La transformation a commencé à la fin des années 90 avec l’arrivée du Naspter, la première victime étant l’industrie du disque, par la suite l’arrivée de l’iPad et la prolifération des blogs qui ont transformé en temps record l’accès, et par conséquence, la consommation de l’information.
Les autres changements importants sont l’industrie de la TV avec la prolifération des services en demande et de l’industrie pour adultes. On essaie tous de nous adapter au présent : Dress to Kill est en train de refaire son site d’internet pour le rendre plus moderne, en prenant en considération ce que les gens cherchent dans un site d’internet mode.
La nouvelle génération est habituée à tout avoir gratuitement, alors il faut chercher une façon de rentabiliser les médias si on veut continuer à les avoir.
Aujourd’hui les réseaux sociaux et les influenceurs ont gagné beaucoup de popularité et de pouvoir, mais ils ne sont pas en mesure de créer du contenu à la hauteur des médias traditionnels. Les médias traditionnels restent toujours une plateforme très importante dans la société.
Les magazines vont à mon avis être un produit de luxe pour les amateurs de mode, tel que les vinyles pour les amateurs de musique.
J’aime beaucoup ce que je fais au magazine, il y a quelques années je ne voulais vraiment pas faire du web, mais je n’ai pas eu le choix et j’ai commencé à en faire pour Dress to Kill et j’aime beaucoup cela aujourd’hui, on est en train de finir le nouveau site internet et je dois dire que je suis très excité par ce projet. J’aimerais faire du multimédia aussi, j’ai commencé à faire des projets personnels et j’aime beaucoup. J’ai aussi un projet avec le photographe Chris Nicholls dont je suis très fier, j’admire beaucoup son travail et ça parait qu’il aime mon travail aussi, alors on est en train de faire des projets et je suis très excité de voir le résultat.
Un merci très chaleureux à César Ochoa qui bien voulu accorder de son temps pour répondre à nos questions.
Crédit photo : Dress To Kill Magazine
À propos de DTK Magazine
Attaché au désir de créativité, Dress to Kill a été créé en 2008 par Sylvain Blais, Kathia Cambron, Ewa Bilinska et Shervin Shirvani. Ensemble, ils ont entamé une vision unique pour canaliser une esthétique européenne tout en mettant en valeur des talents canadiens, notamment des designers, des photographes, des stylistes, des maquilleurs, des mannequins, des acteurs, des entrepreneurs, et plus encore. Au fil des années, les couvertures renversantes ont fait leur marque dans l'industrie de la mode canadienne, en gagnant de nombreux prix prestigieux.