Jeudi après-midi, j'ai rencontré le rappeur français Orelsan dans un café sur Saint-Laurent pour une petite entrevue. Orelsan est une figure emblématique de la culture française, œuvrant dans l'industrie du Hip-Hop, mais pas seulement ! En effet, le MC kickeur pointilleux s'exprime également dans le cinéma et l'industrie de la mode avec sa marque AVNIER.
Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ici au Québec, comment décris-tu ta musique en 3 mots ?
C’est difficile. J’essaie vraiment de faire les musiques qui me ressemblent, alors on va dire qu’en un seul mot c’est du Orelsan.
Dans La fête est finie, ton dernier album, on devine une sorte de maturité, comme un grand frère qui nous parle de la vie. C’est aussi une œuvre plus légère. Bien qu'on reconnaisse ta griffe, qu’est-ce qui a changé depuis le Chant des sirènes ou Perdu d’avance ?
Déjà 6 ans ! C’est beaucoup. J’aime pas répéter tout le temps la même chose, j’ai envie de faire de la musique différente. J’avais envie de faire un truc qui me ressemblait au moment où je faisais l’album. Ce qui a changé aussi, c’est que j’étais déjà plus connu, parce que le chant des sirènes avait bien marché. Ensuite j’ai fait deux albums avec le groupe Casseurs Flowters (Duo Gringe / Orelsan), où on a beaucoup parlé de l’adolescence, de potes, de soirées. Donc c’était bien de sortir de ça un peu. Après, j’suis en couple depuis 7 ans, alors ma vie a un peu changé aussi. Voilà quoi !
Est-ce que t'as des morceaux favoris sur cet opus ?
J'aime bien justement construire les albums avec des sons différents, partir un peu dans tous les sens. Donc… C’est vrai que j’ai un peu du mal à en enlever un tu vois. Comme Notes pour trop tard, c’est un son de 6 minutes où j’fais que rapper. C’qui marche bien, c’est qu'à côté, j’ai un son un peu plus chanté comme sur Tout va bien. J’aime bien mettre des sons un peu plus marrants comme Christophe que je vais contrebalancer avec San qui est un peu plus sérieuse. J’essaie vraiment d’avoir un équilibre.
Il y a déjà des gros succès avec cet album, je pense bien sûr aux récompenses, mais aussi à certains titres comme Basique. Le clip a été repris un peu à toutes les sauces, et souvent pour défendre des causes ou opinions. T’en penses quoi de tout ça ?
On a justement sorti une compilation de toutes les reprises hier ! Mais c’est vrai que l’effet autour de Basique est fou ! C’est incroyable, parce qu’on [Orel’ et son équipe] la kiffait cette chanson, mais à aucun moment on s’est dit que ça allait devenir une expression : "Basique", "Simple". Et pas mal de monde aujourd’hui les utilise dans la vie de tous les jours, c’est ouf ouai !
T’as clippé plusieurs chansons de l’album, avec un œil toujours très visionnaire et artistique. Est-ce que tu portes autant d’attention au visuel qu’à la chanson elle-même ?
Ouais, c’est important. En fait, c’est important que les deux aient ensemble quoi. Et puis plein d’artistes que j’aime bien arrivaient avec des clips de ouf. J’ai peut-être cette culture des années 90 où un clip c’est un événement. Et puis, j’aimerai bien faire des clips juste d’attitude, simple tu vois. J’le fais pas trop, parce qu’à chaque fois, j’pars dans des concepts qui vont super loin au final.
Dans ta musique, on remarque beaucoup de liens avec le cinéma. Comme la chanson Suicide Social où on capte le lien avec la 25e Heure et Edward Norton. Ou encore ton clip Mon pote avec Flynt. Est-ce que le Cinéma est une source d’inspiration ?
Ouais carrément. J’aime beaucoup le cinéma et c’est vrai que je vois des trucs et j’me dit « Oh c’est comme la scène de tel ou tel film ». J’écris plein de choses, et puis des fois c’est pas forcément pour la musique, c’est pour du cinéma. Mais ouais c’est toujours une ref’, j’sais pas pourquoi. Juste parce que je kiffe ça en fait. J’ai toujours fait les deux, que ça soit musique et vidéo.
Tu as aussi réalisé et joué au petit écran (Bloqués) et au grand écran (Comment c’est loin). Pensais-tu un jour toucher au 7e Art d’aussi proche ?
Non c’était un rêve de ouf ! Et même quand on a commencé à écrire Comment c'est loin, j’avais de l’hésitation. Y’a même des gens qui me disaient « T’es pas assez bon, t’es pas un réalisateur », alors qu’en fait c’est grave faisable. Et c’est pas si compliqué que ça. J’le dis même dans Notes pour trop tard « Si tu veux faire des films t’as juste besoin d’un truc qui filme ». C’est vrai que c’était un peu un rêve. Autant que la musique nous paraissait accessible, le cinéma nous paraissait hors de portée. Alors qu’en fait ça se fait très bien.
Tu penses à d’autres projets cinématographiques ?
Pas trop. Pour l’instant, je prends des petites apparitions comme dans le film de Quentin Dupieux (que j’kiffe), mais j’me consacre plus à la musique. Après j’suis sûr que je vais refaire du cinéma dans le futur.
Un ami et toi avez lancé une marque de vêtements. Est-ce que tu peux m’en dire plus ? Est-ce qu’on parle ici de "Orelagerfeld" ?
(Rires) En fait, c’est Sebastian Strappazzone qui est mon associé. Il vient de Lausanne et avait sa marque de vêtements. À chaque fois qu’on venait en Suisse, il nous filait des fringues. Y’a 6-7 ans, je regardais des photos et j’me suis dit « Putain, mais j’suis tout le temps habillé avec la marque de Seb ». On est donc devenu super pote, et finalement, on s’est dit qu’on allait faire un truc ensemble et on a créé AVNIER. Le concept de la marque, c’est de mélanger un peu des produits style Héritage avec des produits techniques. On voulait faire une marque de Streetwear qui nous ressemble, abordable et de bonne qualité. Et maintenant, c’est mon hobby quoi. Tout le temps où je ne travaille pas sur ma musique (et ciné) j’le passe à bosser sur AVNIER. Donc Seb et moi on bosse sur les dessins ensemble. J’pense tout le temps à des idées de tissus, de coupes, et j’m’occupe aussi pas mal de la com’ et des collab’. Récemment on en a fait une avec Umbro qui était top, et là on en a d’autres qui s’en viennent qui vont être bien cool aussi… Ça aussi c’était vraiment un rêve de quand j’étais petit. Et je pense que tout va un peu ensemble. Quand tu fais des clips tu penses aux personnages et leurs vêtements. Dans le clip de Changement, je peignais mes chaussures de la même couleur que ma casquette, j’ai toujours fait ça tu vois.
Est-ce que tu connais des rappeurs québécois ?
Ouais, j'aime bien Koriass. J'ai vu aussi la percée de Loud en France. J'ai un bon kiffe sur Freddy Gruesum aux WordUp aussi.
Dernière question, et celle-ci, pour le bien de tout ton audimat. Orel… La fête, elle n’est pas vraiment finie ? Ou si ?
Haha ! Ben non. Déjà on est en tournée on fait la fête tous les soirs. Et y’a plein de fun en perspective.
Retrouvez Orelsan sur scène au MTELUS les 21 et 22 septembre 2018.
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