Je suis de ceux qui se sont assis devant leur écran dimanche dernier pour regarder la grand-messe des Prix Gémeaux. Je ne suis pas un grand admirateur de nos galas; je trouve la formule identique à celle de l’an dernier et à la limite de toutes celles d'auparavant. J’avoue, avec toute humilité, que j’écoute ce gala pour voir qui compose et colore notre décor d’acteurs et d’actrices québécois côté vestimentaire.
On va se le dire tout de suite, j'ai été déçu. À part quelques belles tenues, ce qui se déroulait devant mes yeux était très loin de me ravir : habits mal ajustés, ternes, chemises froissées, longueurs/silhouettes peu harmonieuses, et j'en passe. Au final, je dirais que ça manquait d’élégance…
Mais au fond, qu’est-ce que l’élégance?
C’est tout d’abord une apparence, et cela n’a rien à voir avec la mode. La mode peut quelques fois être élégante, mais ce n’est pas sa vocation.
Karine Vanasse est le parfait exemple d'élégance.
Montréal VS Los Angeles
Je suis le premier à clamer haut et fort qu'au Québec, nous avons du talent et nous sommes vraiment originaux par rapport au contenu. Ceci étant dit, je me suis retrouvé à ne pas comprendre ce qui se passait sur scène et même en salle. Je ne juge pas, je respecte les goûts de tout un chacun. Je comprends également que chaque cas est unique et différent, mais j’ai trouvé que la plupart des gens étaient très loin d’être sur leur 36.
Ça manquait de panache et d’audace
Il est certain que nous ne sommes pas dans le même contexte économique que celui des autres grands galas américains qui ont créé la norme. Leur tapis rouge est scruté à la loupe et permet d’engendrer des millions de dollars en publicité de toutes sortes. Les maisons de haute couture font la file pour s’offrir la dernière vedette en vogue. Comme disait justement Sacha Guitry, « le luxe est une affaire d’argent. L’élégance est une question d’éducation. » Si on part de ce principe, bien paraître est accessible à tous, et ce, même en respectant la personnalité de tout un chacun, le budget et la tendance ou non-tendance du moment.
Dans la vie en général, le souci du détail est considéré comme une signature. Pour certains, cela est considéré comme superflu. C’est en faisant attention aux détails de son style et de son comportement que l’on se différencie des autres. Et ce n’est pas non plus une question de prix, c’est une question de flair. Il faut connaître ce qui nous met en valeur.
C’est aussi une question de style
L'idée est que le vêtement doit vivre à travers celui qui le porte. Il doit y avoir une chimie naturelle entre les deux. Certains morceaux de vêtements sont élégants sur le cintre, mais lorsqu'ils se retrouvent sur la personne et que cette dernière n’est pas à l’aise ou ne l’assume pas, c’est peine perdue. Encore plus important, il faut avoir un port de tête et une démarche. Si vous ne savez pas vous tenir droit ou si vous vous mettez les mains dans les poches en guise de support, vous venez de détruire tous vos efforts.
On ne va pas à une remise de prix vue par des centaines de milliers de personnes dans le même apparat que pour aller manger au restaurant lors d'une soirée intime. Il y a une différence entre ces deux évènements. Là, j’entends déjà certaines personnes me traiter de snob ou de superficiel. Oui, peut-être, et ça ne me dérange pas du tout! Mais quand je vois ces personnes qui consacrent leur vie à une carrière où l'image et la représentation télévisuelle priment, je pense que ça devient un point essentiel.
Je trouve cela dommage que la somme des efforts s’amenuise à cause d’un manquement et de mauvaises préparations.
Être ou paraître ?
Tel est la question : «Y aurait-il un lien entre la peur de ne pas faire assez "authentique" et la résistance à l'audace vestimentaire?», question posée par Luc Breton analyste en comportement vestimentaire. Si à la base nous considérons l’élégance comme superflu, il est certain qu’on la rangera dans le camp du paraître. Mais si on la place comme une valeur sociale qui a de l'importance, elle dépassera les modes. La mode est un passage tandis que l’élégance conserve des principes qui survivent aux modes.
L’élégance nous fait oublier la notion du temps tandis que la mode la marque
L’élégance devient une signature. On a juste à penser aux figures de style du passé pour bien comprendre le principe : Grâce de Monaco, Steeve Mc Queen, John F. Kennedy, Jacky Kennedy, James Dean et je passe tous ceux qui sont encore de ce monde et qui font encore parler d’eux.
Nous sommes dans une période où plusieurs voix s’élèvent pour repenser le modèle usé et dépassé de la société de consommation dans laquelle nous vivons. L’idée est de ne pas mettre une fortune sur son apparence, mais d’être élégant dans le bon contexte. Il y a des moyens simples pour y arriver. Il y a des professionnels qui ne demandent qu’à aider cette clientèle. Il y a sûrement des jeunes designers qui rêvent que leur création soit portée par quelqu’un de connu.
Au final, comme disait ma mère : Mets-toi donc propre !