L'odorat est l'un des sens le plus puissants. Il est celui auquel notre système nerveux attribut le plus d'effort. Les odeurs qui marquent notre mémoire le sont de façon permanente, jusqu'au parfum porté par son ex. L'érotisme est justement l'un des domaines où les odeurs prennent une grande importance, angle surutilisé lorsque vient le temps de nous vendre un parfum. Pourtant, bien se parfumer est un art qui s'apprend. Un peu comme bien cuisiner et pouvoir différencier un bon vin d'un mauvais vin.
Il faut vraiment en faire l'expérience soi-même pour se rendre compte de la puissance d'un bon parfum, conçu avec soin par un artiste des accords.
J'ai rencontré Isabelle Michaud, pionnière de la parfumerie de niche au Québec, et récipiendaire de prix internationaux, lors du lancement du son nouveau parfum, Pays Dogon.
Monsillage, ça mange quoi en hiver?
Monsillage est une marque de parfums fondée en 2009 par moi-même, Isabelle Michaud, parfumeuse. Je m’inspire de mes souvenirs de voyage et de mes expériences personnelles pour tisser une histoire olfactive autour de chacun de mes parfums. À ce jour, j'ai créé 7 parfums sous la marque Monsillage, dont le tout dernier Pays Dogon, et 2 parfums sur mesure pour les marques Harricana et Wazo.
De quelle façon sont construits vos parfums?
Tous les parfums sont construits une note à la fois à partir d’une palette de matières premières alliant huiles essentielles et molécules de synthèse. Un parfum demande beaucoup de travail, d’essais et d’erreurs afin de trouver la composition qui correspond à l’esprit de départ qu’on voulait donner à notre création. Souvent, on débute avec une idée générale et, en cours de route, le parfum prend une identité qui lui est propre, au fil de sa complexité, des essais et erreurs, et de la spontanéité de l’élan créateur.
Une journée type dans la vie d'une parfumeuse et entrepreneure?
Le travail de parfumeur est un travail solitaire, qui demande concentration et rigueur. Trouver l’idée de départ est facile, la mener à terme en est une autre. La finalisation d’un parfum est l’aspect le plus difficile, car il me plonge dans un doute profond chaque fois. Suivre son pif est facile au début, mais à force de sentir son travail, on devient plus critique, on perd nos repères et on ne sent plus les choses de la même façon. Il faut alors prendre du recul et tenter de se mettre dans la peau de quelqu’un qui sent le parfum pour la première fois.
Pour ce qui est de la vie d’entrepreneure, c’est un jonglage quotidien des priorités. Il faut savoir se concentrer sur l’essentiel, faire des choix, prendre des risques, ne pas être trop pressé, ne pas compter ses heures, être généreux et avoir confiance en la vie.
Les parfums ont-ils un sexe?
Voyez notre article : Les règles de base pour porter un parfum correctement.
Et un parfum, ça se porte comment?
Un parfum, ça se porte au gré de nos humeurs et de nos envies. Pour bien des gens, un seul parfum ne parvient pas à combler tous leurs désirs olfactifs, ce qui les amène à élargir leur collection de parfums. Les formats offerts (voyage, 30 ml, 50 ml) tendent à refléter cette tendance. Sinon, on porte le parfum sur les points chauds du corps. On peut aussi vaporiser un vêtement, notre chevelure, un oreiller. Il n’y a pas de règle vraiment, on se parfume d’abord pour soi.
Quel type de parfumerie te définit le mieux, et comment vois-tu son évolution?
Je pratique une parfumerie très personnelle et instinctive. Des tranches de ma vie sont le point de départ de presque tous mes parfums. C’est le fil directeur de ma marque Monsillage. Je porte en moi aussi tout un bagage culturel québécois, canadien, nord-américain, qui vient influer sur mon style. Puis il y a mon ADN qui guide mon odorat, mes affinités et mes sensibilités pour certains ingrédients, et qui se manifeste dans mes parfums. Je continuerai à exploiter ces filons dans l’avenir proche. Et puisque je suis souvent déchirée entre le contenu et la forme, j’essaierai d’inclure des exercices de style qui me permettront d’explorer d’autres façons de créer.