J'ai récemment eu la chance de rencontrer dans un événement de réseautage Patrick Marleau, un homme ultra passionné et passionnant. Il pratique un très vieux métier qui est hors du commun : le cirage de chaussures. Puique ce métier s'apparente à la culture du barbershop, je me suis dit qu'il serait intéressant de réaliser une entrevue avec lui pour faire découvrir aux plus grands nombres de gens possibles son entreprise de cirage de chaussures !
Une première question pique ma curiosité, pourquoi « Le Valet Cireur » ?
L'anecdote du valet provient de ma famille et de mon cercle d'ami. Je suis quelqu’un de très serviable et j’effectue beaucoup de tâches et d’attentions qui s’apparentent à un valet, on m'a donc affublé du sobriquet. De plus, je tente d’apporter un concept et une touche vintage à l’expérience !
Revenons à la base; qu'est-ce qui t'a mené vers la chaussure et plus particulièrement l'art du cirage ?
Au départ, j'ai vu une entrevue avec Harry Klein qui est cireur à Montréal à la tour IBM Canada. J'étais curieux d’en apprendre un peu plus sur ce métier. J'ai donc longuement jasé avec lui pour en apprendre davantage sur le métier de cireur.
Puisque c'est un métier atypique, comment as-tu appris ce métier ? As-tu suivi une formation particulière ?
J’ai appris le métier en achetant des chaussures dans les friperies pour me pratiquer. J’ai aussi eu des petits cours privés via skype avec un cireur de souliers de Paris. Par la suite, j’ai fait imprimer des cartes d’affaires et commencer ma publicité par le bouche-à-oreille. J’ai eu quelques contrats sur la Rive-Sud de Montréal, dont le bureau de Gestion de patrimoine Assante, via l’ex-joueur de football Éric Lapointe qui cherchait lui aussi un cireur depuis un moment.
Le lien entre ton entreprise de cirage de souliers et le milieu des barbiers semble très présent ?
Le lien premier est bien sûr le contact intime avec les clients. Ce sont tous les deux de vieux métiers qui ont gagné en popularité entre les années 20’-30’ et qui se sont rencontrer. Ces deux métiers partagent les mêmes origines du côté de l’Europe ainsi qu’aux États-Unis dans des endroits comme le Bronx, Chicago et Atlanta.
Au Québec, on voit peu de cireurs de souliers. As-tu espoir que cet art suivra les traces des barbiers en termes de popularité ?
Il y a très peu de cours et de formation pour ce qui est du domaine du cirage. C’est un art particulier qui se transmet entre deux personnes, ce qui met de l’avant sa particularité. Il y a peu de cireurs, car c'est un art qui s’est perdu avec le temps. Les gens font aussi moins attentions à leur soulier comme à l'ancienne époque. De plus, le côté technique rend la transmission de ce métier plus ardu, malgré le regain de popularité des dernières années…
Pour le commun des mortels, comment on fait un bon cirage de soulier ?
Trois choses. D'abord, il est nécessaire d’avoir un bon équipement : un bon savon, une bonne cire, une bonne brosse, ainsi qu’un chiffon pour polir. Ensuite, il faut de la joie à faire son travail ! Finalement, il faut avant tout être passionné par l’art de ce métier et surtout par la chaussure. En quelques étapes simples, on peut arriver à un excellent cirage quand on s’y connait.
Quelles sont donc ces étapes lorsqu'un client arrive devant toi ?
En premier lieu, je m’assure de bien enlever la poussière du cuir en brossant ou en retirant le tout avec une crème auto hydratante qui rend le cuir vierge. Par la suite, j’applique la cire et je peux, à ce moment, la faire chauffer à l’aide d’un petit séchoir. Ainsi, la cire pénètre dans les pores du cuir. Ensuite, je fais un bon brossage avec un peu d’eau pour bien faire glisser la brosse. Je termine le tout avec un coup de chiffon ou de microfibre qui réussira à amener le lustre et la brillance à la chaussure.
Ça ressemble à quoi une journée typique?
En semaine, je travaille à l’aéroport de Montréal pour la compagnie de produits de chaussure Walter’s Shoecare, une institution montréalaise en place depuis 1893. Je suis donc présent à l’aéroport chaque jour de semaine de 5h à 13h. Je suis d’ailleurs présent dans divers événements pour cette même compagnie. Mes journées se continuent généralement par quelques heures en après-midi du côté des tours à bureaux du centre-ville de Montréal, comme la tour BMO, ou Assante.
Je travaille aussi à mon compte sous le nom de Valet Cireur et je collabore avec différents partenaires tels que les barbiers Les Barbares lors de la plupart de leurs événements de réseautage et de promo, M2 avec qui nous avons plusieurs projets dont une série web et même les Barbiers européens de Schorem lors de leurs l’événement à Québec.
Quelle est l'importance des médias sociaux pour toi ?
Les médias sociaux m'aident du côté de la promotion et du réseautage bien entendu. Je publie d’ailleurs régulièrement des vidéos et des photos du travail de mes pairs à l'international, car c’est une véritable communauté. J’ai d’ailleurs réalisé les bruits de fonds pour un documentaire sur le cirage de chaussure à paraître cet été : définitivement un projet à suivre sur les médias sociaux.
Impressionnant ! Quelle personne as-tu rencontrée grâce à ton métier qui t'a le plus impressionné ?
C'était un vieil homme de 85 ans du côté américain à l’aéroport de Montréal. Celui-ci était lui-même cireur de chaussures dans sa jeunesse. Il m’a donné beaucoup de conseils et m'a raconté sa jeunesse dans les années 50 ainsi que ses nombreuses rencontres avec le Rat Pack constitué plusieurs grandes vedettes de l’époque telles que Dean Martin, Frank Sinatra et Sammy Davis Jr. Cet homme était cireur à l'hôtel Flamingo à Hollywood où il a pu apprendre le métier et croiser toutes ces vedettes.
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