La force de l’image est sans cesse d’actualité ; il n’y a jamais eu autant d’échanges et de partages de photo que depuis la démocratisation des réseaux sociaux. Il n’empêche que malgré cette diffusion massive d’images et la démocratisation de cette forme artistique, la photographie est un art et certains restent maîtres en la matière.
Voici trois photographes qui se distinguent par leurs créations à la fois singulières et, objectivement, captivantes. Ces trois photographes montréalais ont pour point commun de s’intéresser à la mode, aux femmes, au monde de la nuit… mais en traitant leur sujet de façon inédite.
Sylvain Granier, photographe du Nightlife
À l’origine, Sylvain Granier obtient son diplôme en Informatique et Réseau en France. Ce n’est qu’en 2007 qu’il commence à s’intéresser par hasard à la photographie et qu’il se lance dans des études dans ce domaine. Né à Cherbourg, en France, Sylvain s’envole pour Montréal où il étudie ;a photographie commerciale au Collège Marsan jusqu’en 2009.
Pour s'inspirer, le photographe aime observer le monde qui bouge et s’affole autour de lui. «Ma première source d’inspiration pour un projet d’étude était Jean Malek, ensuite est venu John Londono. » Une inspiration aussi venue par les photographes travaillant le nightlife puisqu’il s’agit de l’essentiel de son propre travail comme LastNightsParty, The Cobrasnake, mais aussi Kirill was Here. Des photographes qu’il a appris à connaître après s’être lancé dans cette forme artistique notamment chez NIGHTLIFE.CA et pour d'autres médias.
Sylvain s’associe depuis une année à la marque montréalaise Atelier New Regime. De cette collaboration sont nées des photos mettant en évidence la mode et une certaine vision de la vie. Son travail est davantage un travail de documentaire. Il met en image le travail de Setiz Taheri, Gildas et Koku Awuye. Pour le photographe, son association avec eux est bénéfique pour son travail artistique. « Mon association avec eux me permet d’amener d’une part Partywithsylvain ailleurs, mais aussi de montrer autre chose. De réaliser des photos différentes, mais tout aussi intéressantes et développer un autre style. La mode reste aussi un milieu artistique et de création visuelle.»
La personnalité de Sylvain est mystérieuse, intrigante. Il est partout et ses photos illustrent des scènes d’extravagances, irraisonnées. Pourtant, face à toute cette exubérance, Sylvain Granier est un jeune artiste secret, introverti. « La photographie, c’est une thérapie. Elle m’aide à me sentir mieux, à avoir un peu plus confiance en moi, à être plus heureux, à me sentir en vie. C’est pour moi un moyen de penser à autre chose, un moyen de me libérer et de me sentir libre, ne serait-ce que quelques instants. »
Somewhere un film de Sophia Coppola qu’il cite comme référence « J’y apprécie le calme, la solitude et le silence qui s’en dégage, mais qui à la fois dit beaucoup de choses. » Un peu à son image : une personnalité à première vue silencieuse et paisible, mais qui brille, au fond, par une agitation perpétuelle, et qui s’exprime par un travail artistique surprenant.
Crédit : Sylvain Granier
Marz Marz, coloré et bouleversant
Le travail de Marz Marz est atmosphérique, coloré, bouleversant. Ses photos, non conventionnelles, apparaissent comme surréelles. L’inspiration de cet artiste réside dans ses voyages, que toute forme fictive. « Le fait d'être dans un environnement et une culture différente m'impressionne plus que n'importe quelle forme d'art. Même si j'ai regardé un film qui m'a profondément ému, il ne va jamais provoquer une envie instantanée de faire de l'art. »
Ses modèles sont surtout des femmes, mais il souhaiterait davantage photographier des hommes. Il choisit ses modèles en fonction de leur regard, leur façon de vivre, leur personnalité. Il cherche des personnes qui laisseront paraître leur caractère sur les photos.
Il est possible de lire sur ses photos cette influence exploratrice, qui donne une pertinence certaine et une beauté inhabituelle. Ses séries reflètent tout son intérêt pour l’Asie, notamment celle intitulée « Okonomiyaki ». Ses photos, à la façon d’un film, racontent un sentiment de liberté, une désinvolture, une profonde envie d’ailleurs.
Jimmi Francoeur
Jimmi Francoeur est un photographe montréalais d’expérience, au style atypique. Son amour pour la photographie n’a pas été nourri par des études dans le domaine. « La photo est arrivée chez moi par hasard lors d’un voyage en Écosse en 2005. J’avais acheté un boitier beaucoup trop cher et à mon retour j’avais commencé à prendre des amis en photo, ensuite des bands et la suite est arrivé comme par magie. » Autodidacte, c’est par ses expériences et la force de son travail qu’il crée sa signature visuelle.
Représenté comme réalisateur et photographe, par l’agence Morrison, Jimmi Francoeur travaille aussi dans le domaine de la publicité. Dans sa pratique plus personnelle, ses photographies mettent en évidence son amour pour la musique. Pour lui, la musique et la photographie sont d’ailleurs indissociables. « Elles influencent les modes, influencent même mes shootings quand je mets de la musique sur les set. »
Jimmi se définit comme un gars des 90’s, notamment grâce à ses influences musicales comme Nirvana, Bruce Springsteen ou encore Johny Cash. « Ce coté « americana » et jeunesse 90’s sont présentes dans mon travail : le jeans, le cuir! » D’ailleurs, côté influence, les photographes de groupe ont fait partie de ses premières inspirations tels que Autumn De Wilde. « Elle signait les photos de Beck et des White Stripes. Encore là, j’aimais beaucoup ces contrastes. »
La plupart des clichés de Jimmi Francoeur sont monochromes, il porte une attention particulière au noir et blanc. « C’est une question de contraste. Il a ce truc dans le noir et blanc qui donne des formes et des textures à l’image que l’on ne retrouve pas dans la couleur. La photo noir et blanc m’apparait souvent comme des blocs et je suis limité à ces blocs blancs et noirs! (rires) Je sais que cela parait fou, mais c’est comme ça que je le vois dans ma tête! Aussi, il y a ce côté sans époque grâce au noir et blanc. Une photo vieillit souvent mieux comme ça. »
Concernant ses projets, il vient de terminer une campagne pour les Canadiens de Montréal qui sortira à la télé fin novembre et il s’apprête à tourner un clip pour le groupe Nomadic Massive.
Nul doute que Jimmi Francoeur fait partie des photographes qui, à Montréal, prouvent à quel point cette ville regorge de prestigieux artistes. Son talent est à découvrir à la fois en photographie, mais aussi dans la réalisation de clip.
Crédit : Jimmi Francoeur
Crédit : Jimmi Francoeur