La compagnie de canots faits entièrement à la main, abitibi & co récidive avec une initiative très prometteuse : B-SIDE, 116 pages d’essais, de récits d’aventures, de guides pratiques, de portraits, d’entrevues et de photographies sublimes.
Entrevue avec son directeur créatif et cofondateur d'abitibi & co, Jean-Daniel Petit.
Jérémy Leith : L’idée du magazine B-Side est née où?
Jean-Daniel Petit : Le but ultime d’abitbi & co est d’inspirer le plus de personnes possibles à explorer les grands espaces, à allez jouer dehors, c’est aussi simple que ça! La raison pour laquelle on est obsédé à envoyer le monde dans bois c’est que plus tu passes du temps dans le bois plus tu veux protéger les espaces naturels. C’est la seule façon de vraiment te conscientiser et de sincèrement avoir le goût de protéger. On s’est aussi rendu compte que la communauté du plein air aujourd'hui n’est pas définie par un sport actuel. Moi je fais du surf, je fais du hicking, je fais du snow, mais selon les médias, je suis huit personnes différentes. Alors, nous, on a décidé que tout ce monde-là, c’est toute la même personne. Ils ont la même vision du outdoor et les mêmes valeurs. Alors, on va regrouper et leur parler en créant un magazine qui va pouvoir partir une nouvelle discussion sur la philosophie du plein air.
Qu’est que la philosophie du plein air?
La nouvelle philosophie du plein air c’est les gens qui croient qu'il faut explorer autrement ; qu’il faut préserver nos milieux naturels ; qu’il faut passer plus de temps dehors et que le moyen que tu prends pour t’y rendre, on s’en fou, l’important est que tu sois là! L’autre facette est que c’est un mouvement d’entrepreneurs, de gens qui pensent différemment : ils veulent revoir les pratiques commerciales, surtout parce qu’en ce moment, le modèle n’est pas durable autant sur le plan économique qu’environnemental. Qu’est-ce que je pourrais dire de plus est que c’est une humilité face à la nature – quand tu vas à la pêche, tu surfes, tu fais de l’escalade – si tu penses que tu es plus grande qu’elle… Crée-moi que tu ailles te ramasser dans le fond du lac, tomber du mur d’escalade ou te faire ramasser par une vague!
Est-ce que c’est un mouvement en expansion?
C’est drôle, parce que le mouvement du plein air n’est pas comme un trend. Comme les douchebags, les vagues sexuelles… C’est plus comme une trame de fond qui se dessine, qui est en train de prendre le dessus et ça teinte toutes les activités alors c’est un mouvement qui va s’uniformiser partout.
Ce n’est pas un trend, mais il y a quand même 174 millions de #nature sur Instagram, comme expliques tu le phénomène?
Tu vois, le retour aux sources, ça, c’est un trend, et il ne s'essouffle pas. Depuis les 7 dernières années, 8 millions de personnes additionnelles ont fait du hicking dans le bois aux États-Unis.
Qu’est-ce que tu donnerais comme conseil aux personnes qui s’adonnent à ce genre d’activités?
Premièrement, il faut arrêter de penser qu’il faut être équipé en Gore-Tex de la tête aux pieds. Ils sont rares les personnes qui font des trips de 3-4-6 mois dans le bois. Tu vas là deux jours, pas besoin de t’acheter plus de stocks. Arrêtons d’acheter trop de matériel. Pognez ce que vous avez à la maison et réutilisez. Deuxièmement, faites juste écouter et regarder ce qu’il se passe autour de vous quand vous êtes dans le bois. Ce qui est le fun, c’est quand tu es là et que tu n’as pas besoin de ton téléphone. Tu vas trouver que ça sent pas mal meilleur, tu vas voir tout ce qu’il se passe, prendre le temps d’observer et d’apprécier le moment. Ça fait toute la différence.
Qu’est ce qu’on va trouver dans B-Side?
En fait, B-Side, c’est du contenu original. 116 Pages, pas de pubs, du contenu qu’on est allé chercher. On parle de tous les sports : de pêche, de surf, d’environnement d’entrepreneuriat, de portraits…
C’est un format papier 100% recyclé, si je comprends bien, la deuxième vie peut-être de partir un feu avec?
Haha! Oui, exactement! La raison est bien simple. On n’est pas capable de se concentrer quand on consomme du contenu sur le web. Les articles deviennent de plus en plus courts et plus simplifiés. Nous on veut que le lecteur prenne le temps, lâche son ordi, son cellulaire, s'assoit dans son salon avec un café, dans sa tente, et là, apprécie le contenu, prenant le temps de digérer le contenu, de réfléchir et de déconnecter
Tu veux donner une expérience sensorielle dans un environnement propice au lecteur…
Ouais, tu peux passer des heures sur Facebook et ne jamais avoir appris ou ne pas avoir vu quelque chose d’intéressant. Nous, c’est vraiment : tu te déconnectes. Le magazine est tellement substantiel que ça peut te prendre un mois pour le lire, ce n’est pas fait pour être lu rapidement. C’est fait pour être lu relu partagé et qu’il devienne un outil de référence.
Est-ce que le format papier te fait peur?
Ça me fait peur dans le sens que le modèle d’édition traditionnel soit brisé et ne favorise pas les éditeurs, donc oui c’est épeurant parce qu'on essaye de réinventer le modèle de distribution, on essaye de réinventer le modèle d’affaires et ce n’est pas facile. Il n’y a rien qui est là pour nous aider et on croit sincèrement que le modèle papier a encore sa place. On croit aussi sincèrement que notre communauté est prête à payer pour un ouvrage de haute qualité et est prête à soutenir des initiatives pour les bonnes raisons. Je t’avoue que oui, c’est stressant et c’est épeurant, mais on a décidé de se lancer là-dedans à pieds joints.
On avait déjà parlé de ton projet dans le passé et tu m’avais parlé que Vice t'inspirait beaucoup. Vas-tu aller dans ce genre de ton ou plutôt dans le juste "beau"?
On n’est pas dans la provocation, mais plus dans la réflexion. Je te dirais qu’on va être aussi beau que tous les magazines sur lesquels on tripe. Les magazines de porno que j’appelle ; ;les Cereal et Kinfolk de ce monde. C’est de la belle porno, mais il n'y a pas de contenu. Nous, on veut que ça soit visuellement attrayant et que le contenu soit pertinent. Ce n’est pas pour rien que ça nous a pris six mois à créer le magazine. On a des journalistes qui viennent de partout à travers le monde. On a des gens de Copenhague, de Los Angeles, de New York, de Montréal, du Montana, de l'Abitibi-Témiscamingue… Parce qu’on voulait des points de vue uniques. C’est une littérature profonde. On a travaillé avec une équipe de rédaction qui était beaucoup plus proche à des littéraires, des philosophes et on les a mis en rencontre avec des aventuriers.
Wow, super intéressant, vous êtes combien de personnes à avoir travaillé sur le projet?
Je te dirais que l’équipe maîtresse a été composée de quatre personnes. La première personne que je vais nommer est Catherine Métayer – elle est l'éditrice en chef – une fille qui a un background exceptionnel en édition. Ensuite, on a Éliane Cadieux, la merveilleuse directrice artistique derrière le projet. Elle qui est derrière le branding d’abitibi & co et c’est elle qui est derrière toute l’image de marque de B-Side. Ensuite, il y a Nicolas Langelier qui est le président fondateur de Nouveau projet et Atelier 10, qui a été un mentor et la maison de production dans le projet. Voilà notre équipe et moi qui suis à la tête du projet comme directeur de création. Sinon, comme collaborateur, on a eu des gens de renom comme Yvon Chouinard, le président fondateur de Pantagonia ; on parlé avec des entrepreneurs de New York qui ont partis des nouveaux modèles de chalets, les gars de Hooké qui redéfinissent c’est quoi être dehors.
Est-ce qu’on retrouve le même contenu dans la version anglaise et française?
Oui! La différence est que ce n’est pas une traduction, mais une adaptation. Alors, les références vont être bien adaptées pour le Québec, le ton et le style d’écriture. Et ça aussi, c’est vraiment stressant et impliquant, on a littéralement fait deux magazines. On trouvait ça important de respecter nos racines et de respecter les gens qui nous suivent depuis le début et donc d’être fidèle à eux!
En termes de format est-ce que vous serez sur le web ?
Non, on va rester papier. C’est certain qu’il va y avoir une portion sur le web qui va finir par grossir et prendre de l’ampleur. Pour l’instant, l’équipe est tellement petite qu’on se concentre de lancer avec succès la première édition puis de faire pied de nez au Goliath du monde de la distribution. En ce moment on est David contre Goliath. On est un petit petit joueur qui veut redéfinir cette industrie-là! On a décidé de prendre un risque énorme, mais juste aujourd’hui on est rendu à plus de 3 500 $ [13 septembre 16 h 50] en moins de six heures puis je pourrais dire que la communauté est au rendez-vous. On s’était fixé un objectif de 5 000 $, mais là, on va sûrement le re-fixer dans l’ordre des 20 000 $.
Si on veut t’appuyer, rendez-vous sur ta campagne Kickstarter!
C’est la meilleure façon de nous appuyer, parce que de cette façon-là on peut prouver la valeur du projet et c’est la meilleure façon de supporter toute l’équipe, parce que de cette façon-là on coupe tous les intermédiaires. Ensuite, il va y avoir un lancement officiel à Montréal et d’autres auront lieu à Québec et à Rouyn-Noranda, pour être proches de notre monde.
Un autre truc qui est vraiment différent est que notre magazine sert aussi à amasser des fonds pour des organismes environnementaux. On est les seuls à faire ça. Donc 1 $ pour chaque magazine sera donné à la fondation Outdoor Nation qui oeuvre dans le plein air et qui aide les adolescents à reconnecter avec la nature en les amenant dans le bois. Une belle cause! Et à chaque magazine, on va changer de cause.
Bon succès, je pense que ça va très bien aller pour toi et ton équipe! Si je pouvais devenir ambassadeur de B-Side, je le ferais, mais bon je vais me contenter de précommander une copie!