Principalement dû à mes études – DEC et BAC en théâtre – j'ai passé six ans de ma tendre vie à côtoyer de façon plutôt intense le milieu des arts de la scène. J'en ai vu; bu; mangé; respiré; rêvé. L'art vivant m'habitait et constituait la majorité de mes centres d'intérêts : boulot, école, boyfriends (tant qu'à!). Je voyais en moyenne deux à quatre pièces par semaine, et ce, une vingtaine de semaines par années.
Après avoir gradué, un peu écoeurée, j'ai pris un p'tit break. J'aimais tellement le théâtre que je me devais de partir pour mieux revenir. Prendre un peu de recul pour pas que mon écœurantite perdure. Après un répit bien mérité, eh bien, me revoici me revoilà, de retour à mes premiers amours.
Voici donc un survol de créations qui ont piqué ma curiosité et que je vous suggère d'encourager cet automne.
1. Ma(g)ma
Une production de Castel Blast ꞁ Théâtre Espace Libre ꞁ 31 août > 10 sept. 2016
Pourquoi celle-là? Quarante interprètes participent à cette oeuvre pluridisciplinaire. Déjà, c'est à applaudir. Les grosses productions sont si rares que lorsqu'elles passent, elles apportent avec elles un vent de fraîcheur où l'expression «the more the merrier» entre en compte.
Résumé: «Ma(g)ma conte la genèse du passage à l'adulte d'un jeune enfant. Visuels et contemplatifs, les tableaux d'images à mi-chemin entre la danse et le théâtre se suivent et donnent à voir au spectateur différentes étapes clés de la prise de conscience de cet enfant, du monde qui l'entoure, des interactions qui y prennent racine ou encore de sa violence.»
2. Les inconnus
Production Le Crachoir en codiffusion avec La Manufacture ꞁ Théâtre La Licorne ꞁ 5 > 30 sept. 2016
Pourquoi celle-là? La poésie ludique et lucide de l'auteure Julie-Anne Ranger-Beauregard me charme depuis plusieurs années déjà. J'ai bien hâte de découvrir d'autres de ses mots et vous conseille de la découvrir.
Résumé: «Ce devait être une histoire d’un soir entre deux inconnus, une histoire qui se consume en une nuit ; un dialogue qui s’ouvre sur un portefeuille volé, un échange pétri de clichés dont la date d’expiration est fixée d’avance. Mais, doucement, les banalités font place à un tête-à-tête audacieux, servi avec répartie. Une pièce où l’amour, le désir, l’abandon et l’engagement sont autant de thèmes qui nous renvoient à nous-mêmes.»
3. Le brasier
Création de l’Homme allumette ꞁ Théâtre d’Aujourd’hui ꞁ 27 sept. > 15 oct. 2016
Pourquoi celle-là? À cause de son auteur, David Paquet. Sa pièce Porc-épic – récipiendaire du prix Michel Tremblay et du Prix du Gouverneur Général du CA en 2010 – m'avait choquée, fait rire et émue. Ses thématiques de «conscience collective défaillante et l'immobilisme qui en résulte» sont plus qu'actuelles et il les traite avec un humour acide que j'affectionne.
Résumé : «À la fois féroce comédie noire et drame héréditaire, Le brasier est un cycle, une ronde de trois où nous suivons différents personnages, tous sujets au poids d’une histoire familiale qui les hante. Ici, chacun s’aménage des refuges pour surmonter l’enfance traumatique. Il y a notre vie et celle que nous nous inventons pour y survivre.»
4. Ubu sur la table
Production Théâtre de la Pire Espèce ꞁ Théâtre Aux Écuries ꞁ 20 > 21 oct. 2016
Pourquoi celle-là? Parce que c'est un c-l-a-s-s-i-q-u-e. C'est en 1998 qu'a d'abord été joué Ubu sur la table. Depuis, cette interprétation de la pièce de Alfred Jarry a fait le tour du monde et constitue un point de repère majeur dans le théâtre d'objets au Québec.
Résumé : «Une armée de baguettes de pain se dresse devant une autre, les bombes de tomates éclatent, le batteur à œufs survole les troupes en déroute, du sang de mélasse pisse sur les soldats-fourchettes marchant sur le père Ubu. Le sort de la Pologne se joue sur une petite table où, faisant flèche de tout bois, deux acteurs multiplient les références cinématographiques et échafaudent sous les yeux du public cette grande fresque bouffonne miniature.»
5. Les ossements du Connemara
Une production du Théâtre Bistouri ꞁ Théâtre Prospero ꞁ 8 > 26 nov. 2016
Pourquoi celle-là? Le second segment de la Trilogie de Leenane et son quatuor d'acteurs solides – dont nulle autre que l'exceptionnelle Micheline Lanctôt – semble très prometteur. À la barre de la traduction du texte, le comédien Marc-André Thibault, qui prend aussi part à la distribution, est un talent émergent à découvrir / surveiller.
Résumé : «Dans un coin perdu de l’Ouest irlandais… Mick Dowd a comme tâche de déterrer des cadavres pour faire de la place au cimetière, mais il doit cette année retirer le corps de sa défunte épouse. Des soupçons planent toujours sur son innocence quant à la nébuleuse mort de sa femme sept ans plus tôt. Rien n’est jamais enterré pour toujours. Des humains, des répliques assassines, de l’alcool, des os et une odeur d’orgueil qui flotte. Un coup de poing dans le ventre pour laisser s’échapper les rires…»
6. J’ai rasé mes jambes six fois and no sex happened
Philippe Dandonneau ꞁ Théâtre La Chapelle ꞁ 21 > 25 nov.2016
Pourquoi celle-là? Cet hybride perfomance-danse explore la limitation des genres dans un style irrévérencieux, sensuel, et quelque peu provocateur en mettant les contrariétés de l'homme d'aujourd'hui et de sa sexualité en scène. C'est une thématique peu exploitée qui attire mon attention. Je suis très impatiente d'être témoin de leur approche vis-à-vis de cet enjeu très actuel.
Résumé : «L’homme moderne est en constante redéfinition des standards d’esthétique, lesadaptant perpétuellement pour plaire aux masses ou correspondre à la dernière mode. J’ai rasé mes jambes six fois and no sex happened est un véritable pied de nez aux convenances et aux codes que l’homme doit suivre afin de correspondre aux vieux stéréotypes et idées préconçues en société.»
7. Jerk
Production déléguée DACM & Le Quartz & Brest ꞁ Usine C ꞁ 17 > 21 janv. 2017
Pourquoi celle-là? Bien qu'elle soit présentée à l'hiver, je ne pouvais m'empêcher de vous parler de Jerk, faisant partie de mon top 5 de pièces à vie. Ce sublime solo combinant ventriloquie et marionnettes m'a profondément bousculé. Le jeu du comédien Jonathan Capdevielle est remarquable et donne le frisson. Le sujet très cru, très dur est rendu avec brio par une série d'habiles procédés artistiques bien pensés. Âmes sensibles, attelez-vous.
Résumé : «Jerk est une reconstitution fantasmée des crimes perpétrés par le serial killer américain Dean Corll, qui, avec deux adolescents, a tué plus d’une vingtaine de garçons au Texas au milieu des années 70. Jerk mêle sans complexes sexualité et violence, dans un registre flirtant avec l’esthétique gore. Le comédien navigue dans les eaux troubles entre fantasme et réalité, offrant son corps et son âme à ce récit en mal d’humanité.»
Je vous souhaite une palpitante rentrée artistique et un excellent début de saison!