Louis-Thomas Lagacé m'arrête en pleine discussion très profonde sur l'échange de P.K. Subban au restaurant.
Il vient de voir un gars passer sur la rue Masson avec un t-shirt de Za.Ta.Ra, sa compagnie d'impression de vêtements.
«Ce gars-là n'a aucune idée qu'il porte un de nos t-shirts!»
Il y a des années que Louis-Thomas a lancé sa propre ligne de mode sportive PrimeTime et déjà un bon moment que Za.Ta.Ra, fondée avec Aldo Cobian*, imprime des vêtements pour des entités comme la brasserie Moosehead, le restaurant Bon-D, les charcutiers Pork Shop, ou le brasseur nomade Vagabond, pour ne nommer que ceux-là.
*Aldo a quitté le navire il y a quelques semaines pour saisir d'autres opportunités de carrière, me relate Louis-Thomas.
La marque PrimeTime va également s'exporter en Europe avant longtemps. Mais vous n'en aviez probablement aucune idée. Moi non plus. Parce que nul n'est prophète en son pays. Parfois, ce qui naît dans notre coin marche à fond à des milliers de kilomètres, mais vit dans l'anonymat sur ses propres terres.
«J'ai des pourparlers avec des boutiques ailleurs dans le monde, en Europe surtout, m'a révélé Louis-Thomas. Les marchés européens, asiatiques de mode, de sport ou de musique recherchent toujours ce que les autres boutiques n'ont pas, parce que le marché est tellement saturé. C'est ce qui fait l'attrait d'un brand québécois à l'étranger.
«L'inverse est vrai ici aussi, parce qu'on aime l'exotisme. C'est weird man, et je ne comprends pas. Je me dis toujours qu'on devrait être fier de ce qu'on fait, de nos brands.»
Za.Ta.Ra ouvre cet été son show room tout juste à côté de la station de métro Joliette dans Hochelaga. C'est à l'intention des entreprises, mais aussi du public – parce qu'il est possible de faire affaire avec eux en tant que particulier.
«Deux trois fois par année, nous allons faire des ventes d'échantillon. C'est une belle façon de voir le produit en vrai.»
PrimeTime compte une douzaine d'athlètes de sport extrême comme égéries en wakeboard, en ski, en snowboard, en surf, en freerunning, en BMX…
Le cycliste Joël Bondu, un petit gars de Deux-Montagnes, portait son gear PrimeTime quand il a gagné une compétition à Reims en France dans le cadre du Festival international de sports extrêmes (FISE) et participé à la Simple Session d'Estonie, une des plus grosses compétitions de BMX sur la planète.
Mais vous n'en aviez probablement aucune idée. Moi non plus. Parce que nul n'est prophète en son pays (bis).
«Dans les compétitions auxquelles participe Joël, y'a des Américains qui doivent faire comme 100 000$ par année juste en commandites, m'assure Louis-Thomas. Lui ne fait même pas 5 000 $. Ça te prend un Red Bull, un Monster, un Rock Star pour t'amener ailleurs et faire de l'argent.
«Justement, ça me fait penser : j'ai croisé le bon Sébastien "Toots" Toutant ce matin dans sa Audi R8, rigole l'homme d'affaires. Le Québec le connaît maintenant, parce qu'il est tellement bon dans ce qu'il fait, mais on le connaît pas TANT que ça! C'est son renom international qui l'a propulsé.»
Un jour, peut-être, la tendance se renversera. On aimera nos produits homegrown. On gardera nos P.K. Subban.