La formation montréalaise Pif Paf Hangover débarque avec un nouveau single qui sera sur un album dont la sortie est prévue à l'automne. Le groupe, désormais en mode duo, a biffé le «Hangover» de leur nom pour s'appeler simplement PIF PAF.
Je suis leur parcours depuis leur premier EP paru en 2011 (qui me fait toujours autant danser, BTW). Je me suis dit qu'il était temps que j'échange quelque peu avec Max O Finn et Emmanuel Charron Boucher à propos de leur passé trouble, de leur album à venir, de leurs collaborations et des gros changements qu'ils vivent présentement.
Leur nouveau single Panthère a des inspirations assez tropicales. Il «juxtapose les rythmes brésiliens, la guitare afrobeat et les gros synthés sur une trame mi-organique mi-électro; un collage chaud et humide, une histoire d'amour internationale dans la jungle digitale» peut-on lire sur leur communiqué de presse et, ma foi, c'est très juste. On serait près à faire la samba toute la nuit, moite et collant de sueur.
Votre premier album Curry Love avait pas mal de saveur et détonnait un brin avec votre premier EP paru en 2011. À quoi peut-on s'attendre de votre nouvel album?
Ça a encore pris un virage, ou ce n'est peut-être qu'une évolution, une suite logique? On est de moins en moins rock, ça doit être parce qu'on vieillit, il y a beaucoup moins de disto! Aussi la formation a changée entre chaque disque donc les influences et saveurs de chacun viennent beaucoup jouer sur le son des chansons.
On a tout le temps des idées de grandeur au niveau des arrangements, mais cette fois-ci on a essayé de se restreindre; des strings, mais pas de cuivres, on a gardé les mêmes sons de guitare, de keys et de basse pour toutes les chansons, on a interdit l'utilisation des cymbales (à part le hi-hat), bref, on a essayé de faire plus simple. C'est plus groovy, soulful, electro…plus clean en général sans être formaté en pop insipide de top 40; toujours aussi savoureux!
Il va s’appeler comment l'album?
Nous n'avons pas encore de titre à vrai dire, mais si on en avait un, il resterait secret encore quelque temps. Faut se garder des surprises!
Cette nouvelle pièce en français vous va très bien, est-ce que l'album sera tout en français?
Non, en fait c'est l'unique pièce en français du disque. Ça fait longtemps qu'on voulait en faire une, mais c'est moins naturel pour nous d'écrire dans la langue de Molière, et bien que ce soit une superbe langue poétique, l'intégrer au format pop musique est, selon notre expérience, vraiment plus ardu! Certains disent que ma voix en français leur fait penser à Jean Leloup, c'est un comparatif flatteur!
Pourquoi avoir fait une piste en français?
Nous sommes quand même Québécois, on communique en français quotidiennement même si on a grandi dans les deux langues. Au-delà de la simple envie de s'essayer à la francophonie, il y a aussi le calcul de se présenter à un nouvel auditoire et d'ouvrir nos horizons! Au Québec, il y a pas mal de diffuseurs et de médias qui sont exclusivement ou majoritairement franco; on serait fou de ne pas en profiter!
Comment s'est faite la rencontre / collaboration avec Amylie et Gab L. Malenfant de Radio Radio (qui ont aidé sur Panthère)?
C'est uniquement grâce à notre ami, coréalisateur et soundman extraordinaire: David Laurendeau. C'est lui qui a mixé les disques de Radio Radio. Par la bande, Manu avait tracké du keyboard pour une de leurs tounes; c'est le renvoi de l'ascenseur! Et puis Amylie c'est l'amoureuse de David, elle se trouvait souvent au studio. Avoir accès à une aussi belle voix, faut en profiter; elle chante sur la moitié du disque environ! Et puis c'est raccord, elle avait enregistré sur beaucoup de pistes de Curry Love.
Pourquoi avoir délaissé le "Hangover", vous êtes moins party ou vous êtes seulement un peu plus mature?
Les deux. En septembre, ça fera un an que Max O ne boit plus d'alcool. Il y a un genre de mythe en ce qui a trait à la musique et peut-être l'art en général, du genre sexe, drogue et rock and roll, âme torturée qui se complait dans la défonce, de longues nuits à ne pas dormir, à boire et à créer. En réalité, composer et interpréter de la musique est un travail complexe et exigeant qui nécessite toute son attention (et sa tête).
Donc nous sommes plus matures; on a une mission! On prend le métier beaucoup plus au sérieux, faut se garder en forme sur notre instrument et entraîner nos cordes vocales si on veut accomplir de grandes choses.
Le "Hangover" de notre nom restait comme un spectre, le disjecta membra d'une ancienne vie qui ne nous ressemble plus, fallait s'en débarrasser!
Une petite tournée de shows est prévue, mais quels sont vos plans et aspirations pour l'avenir?
Présentement on fait le show à deux, c'est donc beaucoup plus simple au niveau de la logistique et moins coûteux donc on va essayer de se booker des petites tournées plus loin. On va dans l'Ouest canadien en septembre, ensuite nous aimerions beaucoup aller jouer aux États-Unis et en Europe.
Aussi, nous aimerions nous diversifier; on a déjà fait de la musique de pub, séries et film et aimerions en refaire. Et puis on a le projet de composer et produire pour d'autres artistes, on nous verra avec d'autres collaborateurs, plus en mode backing band.
La question qui tue : je suis votre parcours depuis un bout maintenant. Vous étiez d'abord quatre au tout départ de votre projet en 2011 et vous êtes maintenant deux, qu'est-ce qui s'est passé avec vos collègues / musiciens ?
C'est plus simple de s'entendre sur une direction à deux. Too many cooks ruin the soup; quand chacun des membres en règle donne son grain de sel à propos de toutes les décisions et compositions, ça ralentit le processus.
Donc nous sommes officiellement un duo, mais en réalité on a nécessité l'aide de pleins d'amis pour enregistrer le disque dont d'anciens membres du band. On entretient de bonnes relations avec eux, il n'y a pas eu de break-up sanglant! Gab est père de deux enfants donc ça lui convient mieux d'être collaborateur à temps partiel. Et puis d'autres projets ont attiré les autres membres ailleurs. Nous sommes vraiment un band à géométrie variable; présentement nous faisons le set à deux avec plein de machines, mais nous aimerions dans le futur monter des shows où nous ajouterions des musiciens à notre set-up pour faire dans le plus spectaculaire et grandiose. Mais surtout parce que c'est vraiment le fun de jouer avec plein de gens!
Ils seront en spectacle
28 juillet, pré-party officiel d'Osheaga au Divan Orange à Montréal
09 septembre, aux Jardins Gamelins à Montréal
10 septembre, au Circle The Wagons à Calgary
11 septembre, au Rifflandia Fest à Victoria