Ça part.
Be Astronaut, mon band, lance l'album Common Sense qui prend l'affiche le 30 juillet lors d'un show à l'O Patro Vys de Montréal en compagnie de 3 Headed Giant.
À la fin de l'été, on aura roulé 1220 km étalés sur six jours en tournée pour donner six heures de spectacle.
Pis asti, j'suis déjà brûlé avant même d'avoir commencé.
Un projet comme Common Sense, c'est des heures et des heures de travail à temps perdu les soirs de semaine et les week-ends pour mon batteur Pascal Beauregard, mon bassiste Louis St-Onge, notre ingénieur de son Xavier Bourassa et moi-même.
Ce temps-là, on le reverra pas; la vie, c'est pas un sablier, tu peux pas la revirer de bord pour tout recommencer si t'as manqué ton coup. Common Sense, c'est aussi des piles de cash pitchées par la fenêtre sans cérémonie.
Tout ça pour un album de neuf chansons. Neuf traîtres tounes, une piasse chaque sur iTunes. On garde genre 60 cennes, iTunes garde le reste – c'est le prix à payer pour que le système te fasse un nom, parce que toi, t'as pas les ressources nécessaires pour y arriver, à part gueuler sur les toits.
«Hey! Vous autres! Checkez ça, on fait de la musique, écoute mon album, aimez-nous! Venez à notre show! C'est juste 10 piasses! L'album est 10 piasses aussi! Hey, on a des t-shirts : 20 piasses! Aweillez, aimez-nous dont plus fort!» C'pas gossant pantoute, tsé.
La musique indépendante en 2016, c'est s'attacher la Wrecking Ball de Miley Cyrus après une cheville et plonger dans le fleuve Saint-Laurent. Rendu dans le fond, avec les poéssons, t'invoques l'esprit de Houdini pour te libérer et remonter à la surface avant de manquer d'air…
J'tu en train de me plaindre?
Oui. Mais j'devrais pas.
Quand on a parti Be Astronaut en 2009, on savait dans quoi on s'embarquait. On savait que ce serait dur, on savait qu'on ferait des sacrifices, qu'on perdrait de l'argent. On savait qu'on avait autant de chances de percer l'industrie de la musique qu'il y a de chances de trouver Zapdos à Pokémon GO.
Fak, c'est quoi l'idée? Pourquoi varger comme des forcenés quand on sait même pas si c'est bon, si le monde va aimer notre stock?
Crédit : Benoit Vermette
Parce que y'a rien qui bat le feeling d'avoir ton album à toi entre tes mains, le mettre dans ton char et crinquer le volume.
Y'a rien qui bat le feeling d'entendre un ami te dire : «J'capote complètement sur la 6! J'me rappelle pu du nom, mais c'est loud à souhait.»
Y'a rien qui bat le feeling de monter sur un stage. On l'a fait devant 10 personnes, devant 100 personnes, devant 3000 personnes. Le nombre n'a pas d'importance : c'est du monde qui a trouvé ce qu'on faisait assez important pour se déplacer et le voir, l'entendre live.
Y'a rien qui bat le feeling de rouler 1220 km avec deux gars que le destin a mis sur ta route. Je disais plus tôt qu'on avait perdu du temps avec le projet de Be Astronaut. C'est pas vrai. Ces heures-là, on est choyés de les passer ensemble à rire, à déconner et à faire ce qu'on aime.
J'suis brûlé. Mais j'dormirai quand j'serai mort.
BE ASTRONAUT – Common Sense
1 "Infection"
Pascal Beauregard drille son snare, les hostilités sont lancées.
2 "I'm America"
Une réflexion sur la législation américaine des armes à feu, d'un point de vue international et sur un ton ironique. Feat Barack.
3 "Common Sense"
La title track. La chanson regroupe pas mal tous les thèmes lyriques de l'album, qui convergent vers l'épreuve constante de se démarquer dans la masse sans déroger des conventions sociales.
4 "Bronco"
Une ode à Peyton Manning, qui a pris sa retraite dans la gloire au Super Bowl 50 dans l'uniforme des Broncos de Denver! C'est le dénouement que j'espérais, d'ailleurs. Mettez-vous dans la peau d'un joueur de la tertiaire défensive adverse et écoutez les paroles.
5 "You Don't Wanna Save Me (Live @McGill University)"
On s'est permis une performance acoustique à peu près pas retouchée. À consommer lors de jours de pluie ou de nuits transies.
6 "People, People!"
Chanson hybride punk et blues. C'est le petit bonbon de l'album, la gâterie que vous pouvez vous claquer sans forcer.
7 "Owls"
Pascal, Louis et moi-même ne sommes dans cette chanson que les simples interprètes du génie de l'auteur et compositeur Ben Cardilli, alias Ben Alexander.
8 "Going Over"
Ben Alexander a également participé à ce morceau. La piste est plus lancinante que les autres.
9 "Pick And Choose"
Du HIP-HOP! On s'est pris pour Rage Against The Machine et avons invité le rappeur HSR à débiter ses rhymes effrénés par-dessus nos riffs pesants.