Vous devez savoir ce qu’implique être un joueur de football professionnel à temps plein dans la NFL. L’entraînement incessant, les situations de match, la pression de la performance…
Vous devez savoir aussi ce qu’implique devenir médecin et les études qui précèdent ce statut : l’apprentissage de notions aussi complexes que nombreuses, les heures de travail incalculables, l’altruisme et l’abandon à une cause plus grande que soi…
Je ne m’attarderai pas aujourd’hui aux exploits impensables de Duvernay-Tardif, joueur québécois de ligne offensive des Chiefs de Kansas City – ils sont largement documentés depuis qu’il est devenu en 2014 le premier québécois choisi au repêchage de la NFL depuis 2001.
Non, ce qui m’a frappé quand j’ai parlé à Laurent, c’est son accessibilité déconcertante et sa générosité, des qualités qui ne sont pas nécessairement monnaie courante chez les athlètes professionnels de son calibre.
Heureusement que le verbe «frapper» est employé au sens figuré ici, autrement vous seriez à mes funérailles et non en train de lire ces lignes. Si j’essayais de passer un bloc de Duvernay-Tardif, je me métamorphoserais en pancake sous ses 6 pi 5 po et 321 lb.
Source : Université McGill
Le struggle d'un géant
Avec cette carrure, le garde de 25 ans mène une lutte supplémentaire au quotidien, en plus de ses carrières de footballeur et d’étudiant en médecine : celle de s’habiller.
Duvernay-Tardif a trouvé son salut chez Surmesur, fabricant québécois de vêtements sur mesure pour hommes. Le gars sait comment rocké son complet québécois devant les caméras au sud de la frontière.
«Quand tu pèses 300 lb, mais que tu n’as pas de gras, ça te prend quelque chose de spécial. Quand tu fais affaire avec Surmesur, ce n’est pas comme si tu allais chez Bovet, disons, m’a expliqué Duvernay-Tardif au téléphone en provenance de Kansas City. Ce n’est pas pour dénigrer les lignes vestimentaires populaires, mais ce fabricant est jeune, rafraîchissant et tu peux faire ce que tu veux.»
«Leur vibe est tellement plaisante et ils portent tellement attention à ce qu’ils font. Quand je débarque chez eux, on fait des trucs complètement flyés. Tiens, juste avant de repartir du Québec pour rejoindre les Chiefs (au tournant des mois d’avril et de mai, NDLR), je suis allé me faire faire des complets de printemps. Des suits en lin dans le bleu poudre, le beige, un peu de rose même. J’ai même des loafers et des pantalons à bandes élastiques!»
Il n’a pas peur de sortir des sentiers battus, ce gentil géant, et c’est ce qui rend si agréable de collaborer avec lui, m’a confié Kevin Oreste, coordonnateur médias et marketing chez Surmesur.
«Ce qui est cool avec Laurent, c’est qu’il n’a vraiment pas peur du contraste ni d’essayer des choses, m’a relaté Oreste. Il va essayer le vert, les carreaux, quoi que ce soit qui embrasse sa forme et le teint de peau. À sa taille, c’est tout un challenge pour nous de travailler avec lui, c’est ça la beauté de la chose; surtout que le gars est super willing et super accessible. Notre relation avec lui est tellement belle.»
«Y’est parfait. Il n’y a pas d’autre mot. Pour nous, ce n’est pas seulement un partenariat avec une vedette grandissante du star-système québécois et un athlète établi aux États-Unis, c’est aussi une collaboration avec un homme impliqué dans sa communauté.»
Alors Surmesur permet à Duvernay-Tardif d’être avec la gang des joueurs classy des Chiefs. Ce ne sont pas mes mots; ce sont les siens.
«Dans les déplacements avec mes coéquipiers, t’as la gang qui voyage le plus confortablement possible à l’intérieur des limites du dress code, a-t-il rigolé. Puis, t’as la gang qui met du piquant dans son style. Moi, je suis dans cette gang-là.»
Une troisième (!) facette
C’est donc toujours avec classe que Duvernay-Tardif se montre le bout du nez dans des galeries d’art et des vernissages… Parce que oui, dans ce qui lui reste de temps libres, le futur médecin entretient un intérêt marqué pour l’art et se veut un collectionneur en herbe.
«Ça me fait tellement décrocher et je vois même des similarités entre l’art et le sport, a-t-il illustré. Ce sont deux domaines où tu ne peux pas juste remplir ta feuille de temps et rentrer à la maison. Ce sont des vocations.»
Duvernay-Tardif était à Papier 16, 9e foire d’art contemporain sur papier de Montréal en avril et collectionne déjà des Tammy Campbell, Mathieu Beauséjour et Jacynthe Carrier. Pour l’instant, sa collection d’art actuel «reflète les moyens [qu’il] avait avant de faire le saut dans la NFL, c’est-à-dire les prêts et bourses», mais il compte ajouter des pièces-clés prochainement, comme il l'a déjà indiqué à La Presse.
Avec ses aptitudes multidisciplinaires et ses larges champs d’intérêts, Duvernay-Tardif est aussi en train de collectionner les admirateurs, à la pelle ceux-là!