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C’est arrivé près de chez toi, à une fille que tu connais surement
Crédit: Céphale et Procris / Jean-Honoré Fragonard / 1755

Mon amie vient d'être victime d'un viol.

Elle ne réussit pas à se défaire d'un sentiment de culpabilité. Elle a une profonde brisure, de la colonne à la zone du cerveau dédié au plaisir, et des morceaux confus qui ne peuvent s'exprimer clairement pour l'instant. J'ai son consentement pour raconter brièvement les faits. Je ne suis pas fan des détails, mais si cette histoire peut en éclairer d'autres, il y aura peut-être un peu de positif.

Il est tard après un souper d'amis. Les métros sont fermés. Le gars lui demande s'il peut rester.

– D'accord, mais tu dors sur le sofa.
– OK, pas de problème.
– On ne fait rien, c'est clair right?
– Oui oui.

Il l'a rejoint un peu plus tard dans son lit. Il l'embrasse.
Elle retourne son baiser, puis se ravise.

– On reste là s'il te plait, qu'elle demande.

Le gars s'emporte, la force sur le lit.

– Je ne veux pas, tu m'étouffes.

Il accentue la pression.
Fin de la nuit.

Problèmes de société

Suite à cette histoire, j'en ai parlé autour de moi.
J'ai été choqué (mélange de peur et d'agressivité) de me rendre compte que la plupart de mes amies n'étaient pas surprises.

On m'a dit : «Presque toutes mes amies ont vécu une situation semblable.» 

Ou encore : «Une de mes amies a porté plainte et c'était un cauchemar. Ses parents ne voulaient pas la croire.» 

Banaliser ce type de comportement, c'est en être complice. Je pèse mes mots. 

Le véritable problème, c'est la banalisation. On ne parle pas ici de voler une barre Mars au dépanneur, mais d'une agression sexuelle qui laisse des traces permanentes. 

Ce n'est pas normal qu'une fille soit préparée à cette éventualité, au Québec, en 2016. Il ne s'agit pas de cas isolés, c'est un fléau confortablement installé sur notre indifférence. Le nombre d'agressions sexuelles s'établit à une approximation totale de 315 800 cas par année.

C'est plus que la population de l'Estrie.

C'est donc à peu prêt certain qu'on a tous une amie qui a eu une histoire semblable.
 

Source : Le Massi

Pour en finir avec l'ambiguïté

Les commentaires sur la féministe mal aimée ou la mini-jupe invitante n'ont plus leur place. Et s'il y en a un qui rejette (encore une fois) la faute sur la victime, il va manger mon poingts sur la….

Je ne comprends pas qu'on en soit encore à faire une place à la question de l'ambiguïté lorsqu'on traite du consentement menant à une relation sexuelle. On est devant un problème de société. Il y a des signes qui ne trompent pas. 

Je vais essayer de rester calme, et vous faire une petite liste.

D'abord, il ne devrait jamais avoir de doute sur la question du consentement. Il n'y a aucune ambiguïté quand il n'y a pas de consentement clair, quand il n'y a pas de signe de plaisir.

Il n'y a aucune ambiguïté même s'il y a eu un échange de baiser qui se termine sur un «j'aimerai mieux qu'on en reste là». 

Il n'y a aucune ambiguïté sur sa mini-jupe. Peu importe ce que notre imagination tordue peut raconter, c'est d'abord pour elle qu'elle porte cette mini-jupe. 

Il n'y a aucune ambiguïté lorsqu'elle demande au gars de dormir sur le sofa.
Elle ne l'a pas invité dans son lit. Get it

Il ne s'en est pas rendu compte 

Bullshit, je le crois pas.

Il faut dénoncer les gestes inconscients, à tout coups. C'est primordial. Surtout lorsqu'on sait que seulement 5% des crimes sexuels sont rapportés à la police*.

Un acte inconscient va se répéter inévitablement. Il faut en parler à quelqu'un de confiance qui saura réagir de façon compréhensive. L'important, c'est le respect, l'intégrité et la vérité, avant la peur de faire des vagues si l'histoire s'ébruite.
 
​J'aimerai justement souligner les textes de Murphy Cooper aka Le Détesteur qui a dénoncé sur NIGHTLIFE.CA une situation semblable, il y a deux ans de cela.

Message à celui qui a violé sa date, son amie, son amie d'amie
Quand j'étais petit, je rêvais de fonder une vigilante qui taperait sur la gueule de petits criminels en libertés. Je ne peux pas faire un appel à la violence ici, parce que je refuse de me servir de ce langage, mais si jamais je le croise quelque part, je ne réponds pas de ma personne. Que voulez-vous, je suis un gars impulsif et j'ai les points solides. 

Je signe un texte ici pour la 42e fois. Ça me prend environ 2h de recherche et d'écriture pour 300 à 500 mots. C'est un plaisir d'écrivain raté que je me réserve, avec la prétention de toucher quelques-uns d'entre vous. Je termine aujourd'hui le texte le plus important depuis le début de ma collaboration chez Ton Barbier. 

Ressources
-Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel / 1-855-538-4554
-Service d'aide du gouvernement du Québec contre les agressions  / 1-888-933-9007
-Teljeune / 1-800-263-2266

Sources : Centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, la Fédération des maisons d’hébergement pour femmesStatistique Canada.

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