On aime ben ça dire que Montréal est un hotbed de jeux vidéo — et c'est quand même le cas depuis déjà une vingtaine d'années. On parle essentiellement des grandes franchises, d'Assassin's Creed, de Deus Ex ou de Mass Effect et surtout des millions de dollars que celles-ci génèrent. Ce qu’on entend le moins souvent, c’est qu’ici, au Québec, on est typiquement perçu comme un sweatshop à jeux vidéo. En d'autres mots : un endroit à faible coût de production que les grands studios internationaux utilisent à des fins économiques, et non créatives.
Même si cette image est encore un peu trop vraie à mon goût, le paysage vidéoludique d'ici est tranquillement en train d’évoluer. Depuis quelques années, on peut observer une lente fragmentation, notamment due à tous ces développeurs qui, après plusieurs années d'expérience dans les ligues majeures, quittent les grands studios pour ensuite partir le leur.
Tout ce roulement donne lieu à une scène locale de développeurs en pleine croissance qui affiche une vitalité comme on n'en a jamais vu. Étant moi-même un produit de cette scène et étant un nouveau barbier, j'ai l’intention de lui donner un peu de spotlight, à commencer par cette sélection de joueurs d'ici, petits et grands, qui retiennent présentement mon attention!
J’ai pu essayer Fulcrum en janvier au courant du festival Montréal Joue à la SAT avec les gars de Phosfiend (qui nous ont livré l'excellent FRACT en 2014). Le jeu utilise le contexte de la planche à neige comme prétexte pour jouer avec le concept d'exploration avec une approche des plus uniques concernant la rejouabilité. Drette le genre de jeu à jouer calé sur sa chaise avec des headphones, seul, à se laisser porter par la piste audio comme par la piste elle-même. Pour suivre leur travail, visitez leur site web.
Le studio KO_OP est l'un des plus prolifiques des environs avec leur visuel iconique et leurs idées excentriques. Leur lancée ne s'essouffe visiblement pas, avec GNOG qui accumule à la chaîne les prix et les mentions. GNOG nous fait traverser des niveaux qui sont en fait des têtes gigantesques avec, à l'intérieur de celles-ci, un monde intérieur agencé selon leur personnalité. Vous en voulez plus? Visitez leur site web.
We Happy Few est le deuxième opus de Compulsion, une bande de onze développeurs qui squattent une ancienne usine de gramophones quelque part dans Saint-Henri. Je suis incapable de regarder le jeu et de ne pas penser à Bioshock, autant par son esthétisme que par sa dystopie ou ses répliques malaisantes. On entre ici dans un monde rétrofuturiste de déni et d'hypocrisie où l'on doit se fondre dans une population passive-agressive qui n'approuve pas tant notre présence parmi eux. Pour plus de détails, aller voir leur site web.
Le développeur / couteau suisse / one-man army Montréalais Devine Lu Linvega a récemment révélé son dernier projet, Verreciel. Le jeu nous met aux commandes d'un vaisseau spatial dans lequel on doit comprendre et maîtriser sa console et ses commandes pour progresser. Sa complexité propre aux jeux traditionnels de simulation dans un contexte stylisé de science-fiction lui donne un aspect mystérieux qui lui est très caractéristique. Pour suivre son travail, visitez son site web.