Mercredi design: Ismaël Gueymard, photographe montréalais et amoureux des architectures oubliées
Raphaël De GaspardIl y a quelque chose de particulier à observer le monde à travers la lentille d'un appareil photo, permettant une distanciation du sujet, objet physique entre le réel et l'oeil du photographe. J'imagine l'exercice aussi comme une façon de s'approcher du monde, d'en isoler un détail pour lui donner la première place.
La photographie n'est donc pas si éloignée de l'écriture ou encore de la peinture, sa lointaine parente. Je connais Ismaël Gueymard depuis longtemps, et j'avais hâte de vous parler de son travail. Il y a quelque chose qui me fascine dans ses portraits simples et sensibles d'une architecture décalée. Je trouvais intéressant de vous partager quelques réflexions sur le travail de cet artiste montréalais que je vous invite à découvrir absolument.
Je crois que la photographie m'attire principalement pour sa capacité d'exprimer subtilement un message, principalement des émotions. Je m'adonne à la photo comme s'il s'agissait d'un malin plaisir de codage émotif. J'essaie d'objectiver la tristesse, l'angoisse, l'ironie et l'humour dans un ensemble que je trouve moi-même plutôt cynique. J'ai commencé à m'intéresser à l'architecture brutaliste quand j'ai remarqué l'aversion que lui réservait le public en général. Je recherche simplement la réaction qui résulte de l'exposition des particularités esthétiques de lieux qui se trouvent trop souvent dans les listes de «Most hated» ou «Ugliest buildings» de leurs pays respectifs.
Le fait de faire de la photo m'a poussé vers le voyage et m'a conduit dans des lieux assez fucked up! Des pèlerinages photographiques comme ça, je les vois aussi comme une expérience de solitude transcendantale. Du type Thoreau dans un wagon en Europe de l'Est.
Argentique ou numérique?
Numérique. Je ne me suis jamais vraiment intéressé aux aspects techniques de la photographie. Pour moi, c'est plutôt la conceptualisation de l'image et la composition qui compte. Je reprends généralement plusieurs dizaines de fois la même photo avant d'être satisfait. Ça couterait cher de films!
Un lieu à Montréal qui t'inspire particulièrement?
Probablement toutes les installations de l'Expo 67 et des Jeux olympiques.
Quel est ton parcours?
Je suis né au Québec, mais j'ai vécu la plus grande partie de ma vie aux États-Unis avant de m'installer à Montréal il y a huit ans, malgré quelques interruptions pour vivre sur Paname
(NDLR : Paris).
Une expo bientôt?
J'ai mon expo END qui s'en vient, sur des montagnes bulgares parsemées de monuments soviétiques, dont les dernières photos de cet article sont tirées. Ce sont d'immenses prints d'un froid glacial. Un montage aux allures post-apocalyptiques, voire extraterrestres à la limite, qui donne l'impression d'une absence complète d'humanité. À venir!
Chez Ton Barbier nous avons bien hâte à cette expo, et on vous en donne tous les détails bientôt! En attendant, on se rince l'oeil sur son site et son instagram.
De rien!