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FONKi World : le secret pas si bien gardé de la sérénité
Crédit: Facebook FONKi

Je trouve une place pour stationner mon char, après une dizaine de minutes de viraillage dans les rues de Verdun la glaciale. Vous commencez à la savoir, j’ai lâché quelques mots pas très jolis.

Y’a un morceau détaché sous la voiture, ça traînait au sol pendant le trajet et faisait un bruit clinquant d’enfer. Je sors du véhicule. Trois ou quatre autres jurons, il doit faire au moins -8000. J’entre dans le café et aperçois FONKi, assis.

Force tranquille.

Aussitôt, je sens ma pression baisser; elle devait facilement péter le 150 sur 95 ce matin-là. Pourquoi ce gars est si serein au cœur de cette odieuse saison? T’es pas normal, chum; la neige, faut l’abolir.

Il m’a révélé son secret.

Crédit : Thomas Sczacka-Marier

Tisser des liens 

FONKi est un Français d’origine cambodgienne qui a grandi à Montréal. Ce graffiteur est le protagoniste principal de la nouvelle websérie disponible sur La Fabrique culturelle et intitulé FONKi World, qui raconte son périple artistique au Cambodge et au Vietnam. Cette série de sept courts métrages documentaire a été réalisée par Thomas Szacka-Marier et produit par Claude Bastien avec l’équipe de la boîte On est 10.

Le jeune homme de 26 ans a voyagé quelques fois au Cambodge dans les dernières années, pas nécessairement pour se rapprocher de ses origines khmères tant que pour… peindre, tout simplement, et tisser des liens avec son peuple.

« En 2012, dans une sorte de pèlerinage que j'ai fait seul, j’ai eu la surprise de constater qu’il y avait une scène artistique vivante, m’a-t-il expliqué. Ça m’a poussé à y retourner en 2014, pour rencontrer des artistes locaux et peindre partout dans le pays. »

« Si on remonte dans l’histoire, le peuple khmer a toujours bien vécu : toutes les ressources sont là. Un Cambodgien peut rester sur son petit lopin de terre et avoir tout ce qu’il lui faut. Tout pousse là-bas, les terres sont fertiles. C’est pour ça qu’ils ont eu le loisir de développer leur créativité. »

Le projet The Roots Remain (Retour aux sources), réalisé par Jean-Sebastien Francoeur et Andrew Marchand-Boddy et tourné lors de son premier voyage en 2012, a valu à FONKi et sa bande plusieurs plusieurs prix en festivals.
 

Crédit : Savary Chhem-Kieth

Lors de ces excursions, FONKi a découvert qu’avant d’être montréalais, cambodgien ou français, sa nationalité, c’est l’humanité.

« J’ai mon côté très québécois et mes voyages m’ont plongé dans des questionnements existentiels. Mes soucis se sont évaporés. »

« Je me sens citoyen du monde. Pour moi, les frontières disparaissent. Une fois qu’on oublie toutes les différences dans le style de vie, il y a beaucoup de similitudes. Même si tu ne parles pas la même langue, tu peux dialoguer d’une autre manière. »

L'auguste accident identitaire

 

Le dialogue de FONKi, c’est le graffiti. Vous devriez voir les habitants, des hommes, des femmes, des enfants, se masser autour de lui avec enthousiasme et fascination dans les épisodes de FONKi World. J’en ai la chair de poule juste à vous l’écrire.

« Je suis devenu spectateur des gens qui me regardaient peindre. J’ai réalisé que c’est un peuple tellement accueillant. C’est ce qui fait le charme très, très humain du Cambodge. Les gens te sourient même s’ils sont pauvres. C'est ce qui fait leur richesse.»
 


Crédit : Thomas Sczacka-Marier
Pourquoi, FONKi?

« Dans les temples de Bayon dans la cité d’Angkor, tu retrouves le symbole d’un visage au sourire mystique. Les gens pensent que c’est un bouddha. En fait, c’est une représentation du roi Jayavarman VII. »

« Je me suis dit qu’il y a quelque chose dans la culture du sourire qui remonte à des millénaires. Je pense que c’est dans l’ADN, c’est une philosophie de vie. »

« Je me suis reconnu. Je souris toujours et, même quand ça va mal, je ne vais pas péter un câble pour rien. »

FONKi, moi aussi je veux ma propre quête identitaire accidentelle. Je suis épuisé de me concentrer sur le négatif.

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