Le domaine de la restauration en est un des plus difficiles, en particulier au sein des grandes villes comme Montréal. C'est d'autant plus le cas lorsqu'il est question de restaurants haut de gamme. Il y a une énorme rotation au niveau du choix. Évidemment, il n'est pas toujours facile de plaire à sa clientèle et de créer chez elle une habitude.
C'est dans cet ordre d'idée que j'ai rencontré l'entrepreneur Nicolas Urli pour qu'il nous parle de ses restaurants ainsi que de sa vision de la restauration montréalaise. Nicolas est copropriétaire de plusieurs établissements à succès de la métropole, dont le Jatoba, le Hà, le Flyjin et l'École Privée.
Nicolas fût élevé par deux enseignants, dans la région de Rimouski. Dès son jeune âge, il a mis en place des repas pour ses parents, en s'occupant notamment du menu, de la déco, des chandelles et même de sélection musicale particulière. Cet amour pour la restauration était donc en lui. Il a par la suite succédé les emplois de plongeur, aide-cuisinier, serveur, barman et enfin gérant dans différents restaurants.
C’est lors de ses études en science politique à l’UQAM qu’il fait la rencontre d’Alexandre Brosseau ; ce dernier l’ayant remarqué en tant que producteur d’évènements. Ensemble, ils réalisent le projet ambitieux d’habiter le sous-sol de l’Auberge Saint-Gabriel : en mettant sur pied le Velvet Speakeasy, club branché du Vieux-Montréal. Nicolas quitte donc l’université et saute à pieds joints dans l’univers de la restauration et du nightlife montréalais avec des mentors, des modèles et des collaborateurs tels que: Garou, Guy Laliberté, Marc Bolay et bien sûr Alexandre Besnard.
Ayant un esprit entrepreunarial fort présent, Nic Urli décide de devenir son propre patron et d’ouvrir le Flyjin. C’est d'abord à son restaurant le Jatoba que j’ai rencontré Nic pour notre entrevue.
Crédit photo: Gabriel St-Amant, Fetivo
Quelle est la différence entre un entrepreneur et un restaurateur ?
Le restaurateur est un passionné de la nourriture et du vin. Il se donne corps et âme dans son restaurant, tandis qu’un entrepreneur peut évidemment s’intéresser à plusieurs domaines. Un entrepreneur dans le domaine de la restauration est quelqu’un qui doit comprendre ce que les gens ont envie de vivre comme expérience. C’est aussi quelqu’un qui sait s’entourer des bonnes personnes pour chaque type de tâche et de projet.
Quel serait le meilleur conseil que tu pourrais donner à un futur entrepreneur ?
Le meilleur conseil est de se poser la question : «Qu’elle est ton scénario idéal ?», c’est d’ailleurs une phrase que m’a dit mon ami et fiscaliste Freddy Roy il y a plusieurs années et qui continue d’influencer mes choix.
Alors, la question va de soi, qu’elle est ton scénario idéal ?
Mon scénario idéal en début de carrière a toujours été de préserver un bon lien avec mes mentors de l’Auberge Saint-Gabriel, mais de simultanément bâtir le Flyjin. Par la suite, d'autres projets se sont ajoutés : ma vie de famille, le restaurant le Jatoba, le Hà ainsi que l’École Privée. Mon scénario idéal est donc de bien m’entourer pour bâtir des concepts de restaurations uniques.
Peux-tu nous parler un peu du Jatoba ?
Le Jatoba est un restaurant haut de gamme moderne d’inspiration asiatique. Comme la plupart de mes projets d’ailleurs! Nous offrons plusieurs types de mets, mais nous sommes surtout reconnus pour nos assiettes de fruits de mer. C’est aussi un restaurant parfait pour les repas d’affaires.
Par la suite, nous nous sommes déplacés vers le restaurant le Hà situé sur l’avenue Mont-Royal.
Crédit photo: Gabriel St-Amant, Fetivo
Comment se sont passés les débuts du restaurant le Hà?
J’ai d’abord été invité par Flore-Anne Ducharme à venir découvrir le restaurant Souvenirs d’Indochine, mais aussi principalement son propriétaire Monsieur Hà. J’ai appris à connaître un homme souriant, travaillant et quelqu’un de dévoué à son restaurant. Bien que l’endroit ait perdu de sa popularité d’antan, M.Hà avait toujours la même passion à faire son travail. Malgré tout l’amour qu’il portait à son établissement, les temps sont durs et celui-ci périclitait. C’est alors que j’ai décidé d’entreprendre le rachat du restaurant avec de nouveaux partenaires.
Crédit photo: Gabriel St-Amant, Fetivo
Comment s’est passé la transition ?
M. Hà fut énormément reconnaissant et généreux avec nous. Il a partagé ses connaissances ainsi que ses recettes à notre nouveau chef. Cet homme fut une inspiration pour plusieurs et il a d’ailleurs travaillé à la réalisation de services de traiteur pour plusieurs évènements et des défilés de mode au cours de sa carrière. L’ancien restaurant accueillait aussi plusieurs artistes, dont Kevin Parent, Denis Gagnon et Phillipe Dubuc, qui appréciaient particulièrement la nourriture de grande qualité et le service attentionné. La réouverture du restaurant a aussi ravivé les souvenirs de tout ce beau monde et a donc permis au restaurant de retrouver ses lettres de noblesse. M. Hà a eu la chance de vivre la réouverture du nouveau restaurant avant de s’éteindre à l’âge de 62 ans.
Crédit photo: Gabriel St-Amant, Fetivo
Quel est l’aspect qui unit tes différents restaurants ?
Je considère qu’il s’agit de l’âme de mes entreprises qui en font leur force. J’ai toujours un sentiment d’appartenance très fort envers chacun de ces projets. Par le biais de chacune de mes équipes, je réussis à créer une énergie incomparable qui se ressent jusqu’à la clientèle.
C’est au restaurant Hà que j’ai eu la chance de partager un repas aux côtés des copropriétaires qui m’ont raconté plusieurs anecdotes au sujet de ce fameux personnage. J’ai aussi découvert des mets d'inspiration vietnamiennes très savoureux (dont les Rouleaux impériaux de M. Hà qui font la renommée de l’endroit). J’ai aussi été conquis par le saumon lait de coco et le Tataki de bœuf épicé au basilic thaï. En bref, voilà un restaurant abordable et très chaleureux.
Crédit photo: Gabriel St-Amant, Fetivo
Pour terminer notre tournée en compagnie de Nicolas Urli, nous avons passé la soirée au Flyjin, Bar-restaurant japonais qui se transforme en boîte de nuit. C’est dans un sous-sol du Vieux-Montréal qu’on découvre ce lieu sombre, mystérieux et très invitant. On y retrouve une merveilleuse ambiance grâce aux DJs présents en soirée. C’est un endroit à retenir pour un bon cocktail concocté par les mixologues de la place. Pour ma part, j'ai opté pour un Old Fashioned avec zeste d’orange flambé. Le goût fumé et le mélange d’agrumes et d’alcool m’ont beaucoup plu!
Nicolas Urli est aussi copropriétaire de l’École Privée dont on vous a déjà parlé sur Ton Barbier.
Crédit photo: Gabriel St-Amant, Fetivo