L’art contemporain s’empare des sous-sols montréalais grâce au Festival Art Souterrain
Johanna PocobeneDepuis 2009, le festival Art Souterrain invite le public à découvrir l’art contemporain dans le réseau souterrain piétonnier de Montréal. L’originalité de ce festival réside en ses lieux d’exposition : les réseaux souterrains du Centre Eaton, du Complexe Les Ailes, de la Place Ville-Marie, de la Gare Centrale, du 1000 de La Gauchetière, ou encore de la Place Bonaventure. Trois circuits, ainsi que le parcours interactif Point de vue présenté par Ivanohé Cambridge dans ses édifices, seront proposés aux festivaliers du 27 février au 20 mars à Montréal.
Frédéric Loury, commissaire principal et fondateur d'Art souterrain, souhaite offrir une visibilité aux artistes locaux et internationaux. Accompagnés d’Anais Castro et de Marie-Josée Rousseau, commissaires québécoises invitées, ils ont choisi le thème « L’art doit-il séduire? » pour présenter la 8e édition du festival. La notion esthétique dans l’art n’est pas nouvelle, elle est notamment présente depuis une cinquantaine d’années suite au Pop art voire même au courant surréaliste.
Ce thème invite à chercher au-delà des apparences, au-delà du premier regard comme le précise Frédéric Loury, joint par téléphone : « Ce questionnement permet de ne pas être dupe, d’éviter les pièges, mais aussi de voir la beauté ailleurs que celle attendue ; par exemple ; une œuvre conceptuelle peut créer au regardant une indifférence visuelle, mais son contenu peut bouleverser par sa beauté, sa poésie. Ce thème appelle à la sensibilisation plus qu’à la critique.»
Cette édition présentera 63 projets de 86 artistes canadiens et internationaux, réparties dans treize édifices de la ville souterraine. Contrairement à l’année précédente qui mettait à l’honneur Israël, aucun pays n’est mis en avant lors de cette édition. La nouveauté se trouve dans l’intégration à sa programmation d’œuvres issues de collections privées et publiques, habituellement destinées à être exposées dans des musées.
En lien avec le thème de l’édition 2016, ces œuvres ont été choisies parmi les classiques de l’ère moderne québécoise et parmi celles d’artistes d’aujourd’hui : celles de Nicolas Baier, Éliane Excoffier, par exemple, issues de la Collection Loto-Québec seront présentées à la Place Ville-Marie. Les oeuvres de Louis Archambault, Gwenaël Bélanger, ou entre autres Ulysse Comtois, mais aussi des artistes de la Banque d’art du Conseil des arts du Canada seront à la Place Victoria.
La nouveauté se situe également dans une plus grande place offerte aux galeries et centres d’artistes afin de faire découvrir ou redécouvrir aux spectateurs les lieux d’expositions montréalais. Le but étant toujours de démocratiser l’art, qu’il soit public ou privé, mais aussi de créer de l’interaction avec le public notamment grâce à un grand nombre d’activités.
Le défi du festival se situe aussi, comme chaque année, d’après le commissaire Frédéric Loury, dans l’exposition même des œuvres dans des lieux publics. « En exposant les œuvres publiquement cela permet aux spectateurs de pouvoir les supprimer. Chaque année, des œuvres quittent la programmation suite à des témoignages négatifs. » Cette vulnérabilité est une notion dont les artistes ont conscience.
Ainsi, le festival art souterrain semble préparer une édition enrichissante, mettant en évidence un thème clé de notre société contemporaine. Il sera intéressant de voir de quelle manière les artistes répondront à cette question et de quelle manière l’esthétique sera présentée. Le coup d’envoi sera donné le 17 février lors de la Nuit Blanche de Montréal.
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