2 minutes avec Webster, le rappeur-historien et porte-parole du mois de l’Histoire des Noirs
Pierre AntoinePionnier du mouvement hip-hop québécois, poète et historien, Aly Ndiaye alias Webster avait tout pour être le porte-parole du Mois de l’histoire des Noirs. En effet, ce natif de Limoilou est un véritable passionné par l'histoire des Noirs au Canada, comme on peut facilement le remarquer à travers ses textes engagés et ses ateliers/conférences sur le hip-hop et sur le mutlticularisme.
Du 1er au 29 février, en compagnie de Ranee Lee et Eddy King, il aura pour mission de faire la promotion de l’histoire et la culture des communautés noir Québécoise en tant que le parrain du Mois de l’histoire des Noirs, qui fête cette année ses 25 ans! Pour l'occasion, j'ai décidé de m'entretenir avec Webster.
Que signifie le Mois de l’histoire des Noirs pour toi?
Le Mois de l’histoire des Noirs célèbre l’apport de la culture noire, que ça soit artistique, historique ou économique à la société québécoise. Une de mes grandes passions est l’histoire de la présence des Noirs et de l’esclavage au Québec. Un sujet dont on parle très peu. Depuis très jeune, j’ai commencé à m’y intéresser, et même à rapper à propos de ce sujet. Par la suite, j’ai réalisé des conférences sur le sujet, afin de partager mon savoir pour que ça devienne une connaissance générale. Il ne faut plus qu'il s'agisse d'une connaissance spécialisée. Ultimement, j’aimerai qu’un jour on ne parle pas d’histoire des Noirs, mais d’histoire tout simplement. Tant que cette connaissance de l’apport des Noirs esclaves et libres au Québec n’est pas connue de tous, on aura besoin d’un Mois de l’histoire des Noirs, pour se rappeler de cet apport.
Est-ce que le Mois de l’histoire des Noirs est toujours nécessaire en 2016?
Moi-même étant née ici, je pensais que la présence des Noirs au Québec datait depuis les années 1950, mais c'est faux. En faisant des recherches, j’ai découvert que la présence des Noirs date des débuts de la Nouvelle-France au 17e siècle! Ce sont des choses que j’aurais aimé savoir en tant que Noir québécois qui est né et qui a grandi ici afin d’affirmer mon identité québécoise. La simple réalité est que je ne suis pas un "étranger", et ce, même si j’ai du constamment répondre durant toute ma vie à la question : « tu viens d’où? ».
Cette année, quel est le thème du Mois de l’Histoire des Noirs et pourquoi ce thème?
Le thème est « Lève-toi et brille ». L'idée est vraiment d'encourager les gens à se lever et de ne pas avoir peur de s’affirmer. C’est à nous de nous approprier ce Québec et de dire haut et fort les changements qu'on veut. On n’a pas à rester silencieux.
Quel serait l’un de ces changements?
Pour ma part, je ne suis pas d’accord avec notre représentation médiatique! Il n’y a pas assez de Noir, asiatique et de gens d’origine arabe à la télévision. Notre télé n’est présentement pas représentative de sa démographie et beaucoup de jeunes ne se retrouvent pas dans le canevas culturel québécois. [Naturellement] ils se retournent alors vers le hip-hop, car c’est dans cette culture qu’ils se reconnaissent.
Est-ce que le Mois de l’Histoire des Noirs s’adresse seulement à la communauté Noire?
Non, le Mois de l’Histoire des Noirs s’adresse à tout le monde et je trouve que c’est un bon moyen de rentrer en contact avec la culture et l’histoire Noire. On gagne à connaître nos voisins. Il devrait avoir une plus grande cohésion sociale au Québec. Mais les choses changent, et je crois qu’il faudrait qu’on soit les vecteurs de ces changements. Le Mois de l’histoire des Noirs est un bon moyen de présenter à monsieur et madame tout le monde la présence de la communauté Noire au Québec.
Quels sont tes coups de cœur ou événements à ne pas manquer lors du Mois de l’histoire des Noirs?
Il y a le film Honor Before Glory, sur les soldats du Bataillon de construction numéro deux. Je trouve ça fascinant que dans l’histoire militaire du Canada, il y avait des noirs dans le régiment canadien dès 1791. Dans le régiment britannique, qui était à Québec, il y avait des musiciens noirs. Également, lors de la guerre de 1812 contre les Américains, il y avait des soldats noirs tels que Richard Pierpoint. Il y a aussi l’exposition Égéries Noires qui semble très intéressante. Celle-ci rend hommage aux femmes noires qui ont marqué l’histoire de la musique. Sans oublier le Festival Fro avec Muzion et les filles de Nomadic Massiv.
Côté musique, à quoi peut-on prochainement s’attendre de toi?
Après la sortit de mon dernier album en 2013, À l’ombre des feuilles, j’ai eu le goût de toucher à d’autres choses. J’ai monté un tour guidé à la ville de Québec sur l’esclavage et je travaille présentement sur 2 livres et des capsules littéraires avec la Fabrique culturelle. Pourtant, la musique est toujours là! Je suis constamment inspiré à décortiquer des mots d'une nouvelle façon. Je sais que je vais sortir un nouvel album, mais je ne peux pas dire quand. J'adore le sentiment de n'avoir aucune pression, l'album sortira lorsqu'il sortira!
Pour plus de détails et la programmation complète du Mois de l’Histoire des Noirs, visitez leur site internet.
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Pour voir ma suggestion de 5 artistes à suivre ce mois-ci, c'est sur Nightlife.ca.