L’art urbain ne connaît aucune limite, qu’elle soit imaginative ou expérimentale. Des artistes comme Trevor Wheatley exposent publiquement dans le but de confondre l’art et la nature, l’art et son espace. L’œuvre de Trevor Wheatley est riche, il s’intéresse notamment à la fonctionnalité d’une langue, son style, mais aussi son signifié, signifiant. Wheatley a obtenu un diplôme en beaux-arts de l’Université Concordia et vit actuellement à Toronto où il s’occupe d’un studio collaboratif sous le nom de Goods and Services.
Comme beaucoup d’artistes urbains, Trevor Wheatley s’est d’abord orienté vers le graffiti. Bien que son travail ne soit aujourd’hui plus majoritairement tourné vers le graff, il ne renie pas son passé de graffiteur.
Lorsque l’artiste s’est lancé le défi de réaliser des installations publiques, son idée était de critiquer la place de la publicité dans la sphère publique, mais également de construire un espace hypothétique où les symboles commerciaux ne seraient plus de simples représentations des entreprises concernées.
Ce qui permettait d’arriver à ce résultat était l’intronisation de la nature, selon Trevor Wheatley. En prenant des logos commerciaux reconnus mondialement et en les éloignant de là où ils ont l’habitude d’apparaître, l’artiste invite le regardant à réfléchir sur sa relation avec le mot, le texte.
L’exemple qui illustre assez bien cette idée est le détournement du logo Nike, réalisé en morceaux de bois, et visualisé loin des bruits citadins.
L’artiste a également réalisé des sculptures de mots associés à la culture urbaine, comme SQUAD, DIME… Son but est de recontextualiser le langage populaire, leur offrir une image divergente. Le résultat est étonnant, en plus d’être esthétique, il donne la chance à des mots souvent mal-considérés d’être magnifiés.
Un autre aspect intéressant dans l’art de Trevor Wheatley est que ses installations sont évolutives. En effet, l’artiste, ayant choisi des matériaux respectant l’environnement, les laisse se décomposer dans la nature. La nature, le climat… sont autant d’éléments que l'artiste choisit de prendre en compte en réalisant ses œuvres. La sculpture du mot « Nike », par exemple, montre la présence de chevaux visiblement intéressés par l’œuvre, et celle du mot « Snitch » a été réalisée dans des conditions de froid extrêmes pour l’artiste.
Le travail de Trevor Wheatley est à creuser. Les artistes urbains persistent et réalisent des œuvres pertinentes dans un univers que nous connaissons tous, que ce soit la rue, ou même la nature dans le cas de Trevor Wheatley, et nous invitent toujours davantage à nous questionner sur celui-ci. Attiré par tant d’esthétique, le regardant n’a d’autres choix que de prendre en compte les revendications artistiques.