Syrian Eyes Of The World est un projet photo créé par le photographe montréalais Youssef
Shoufan, en partenariat avec La maison de la Syrie. La démarche est très simple : des photographes syriens exposent sur le site du projet les portraits de leurs compatriotes, de leurs amis ou de leurs familles.
Depuis quelque temps, internet a décidé, notamment par les médias sociaux, de nous montrer ce dont il est capable. Qu'il s'agisse du pire comme du moins pire. Nourri par une actualité insoutenable, il est rendu très rare, hélas, que l‘on puisse parler de trucs positifs en ce qui concerne la toile.
Oui je suis d'accord, il y a tout de même de beaux moments de rassemblements spontanés et de liesses populaires. Par contre, je ne peux m’empêcher de sentir cette odeur de récupération politique et celle d’un spectre médiatique qui repeint le fil de l’information en rose afin de le vendre à coup de trailers matraquées à longueur de journée sur les « chaînes d’actualités ».
Si je me permets de jouer les casseux de party en cette veille de fêtes, c’est qu’il y a tout de même une lueur d’espoir, un début de réponse… Le projet de Youssef Shoufan, lancé en 2014 n’a rien de nouveau, mais il prend hélas de plus en plus de sens aujourd’hui.
Étant un consommateur d’actualité, je me rends compte qu’il est vraiment difficile de prendre du recul lorsqu’on est pris dans le tourbillon de l’information. À tel point que des choses évidentes peuvent nous échapper complètement.
Syrian Eyes Of The World redonne sa place (celle du centre) au peuple. Ce qui vient me chercher dans ce projet, au-delà du choix de la photo comme vecteur, c’est que la démarche s’applique à bien d’autres conflits, débats ou confrontation et qu'il s'agit d'une véritable démarche citoyenne. Elle véhicule un message simple, vrai et accessible à tous. Chaque photo est accompagnée d’un témoignage du photographe en anglais et « en français s’il vous plaît! »
On ne vire pas dans le mélodrame ou le cheesy et c’est l’avantage de la photo quand elle est bien faite. L’objectivité du portrait fait tout le travail. Il n’y a pas de détour, de trafic et de mise en scène. Enfin peut-être un peu, mais elle est minime et n’oriente pas le propos. C’est une magnifique manière d’illustrer la diversité.
Syrian Eye Of The World est enfin une réponse un peu plus constructive que ce fameux argument, on ne peut plus galvaudé : « C’est des gens comme nous! »
Une image vaut mille mots.