Parce qu'il aime brouiller les genres pour n'en faire qu'un, fort et frondeur. Ou parce qu'il se moque des conventions et ne se gêne pas pour mélanger les archétypes, mêlant la femme mannequin qui est une représentation féminine très objet, et le complet, l'ensemble masculin par excellence depuis deux siècles. C'est ce qu'il fait de nouveau dans son plus récent court-métrage, The Heist, qui relate le plus grand vol d'argent cash de l'histoire des États-Unis. Lindbergh étant Lindbergh, il le fait en noir et blanc et pervertit cette histoire de truands mafieux en habillant des mannequins féminins en gangsters sordides.
Tout est beau de cette collaboraton avec Stephen Kidd, à commencer par le stylisme de Clare Richardson, qui réussit à me faire oublier que ces looks pour hommes n'étaient à la base pas pensés pour le casting retenu. Néanmoins, le sexy est évacué, même s'il reste de la sensualité : c'est la force qui se dégage des images qui me fascine. Lindbergh avait déja fait le coup avec une Kate Moss nue et sans maquillage, dénudée de toute artifice, et si forte par la braise de ses yeux.
C'est ça que j'aime des images Lindbergh, une force qui émane par-dessus tout, assez pour faire oublier que nous sommes devant de superbes femmes (Steffy Argelich, Kirsten Owen, Sasha Pivovarova et Guinevere van Seenus) qui captivent habituellement par leur pouvoir de séduction. Cette frontière entre art et mode est aussi un questionnement chez la géniale Garance Doré. 3 minutes de bonheur.