Le magasin Selfridges annonce des changements majeurs qui ne laissent personne du milieu de la mode indifférent!
Julien MercilleSi vous êtes passés à côté de cette nouvelle, je sens le devoir de vous informer que le réputé magasin anglais de haute couture Selfridges a prit un tournant astucieux. Avec sa nouvelle campagne Agender, le géant de la mode s'engage à modifier site Web et boutique (sur trois étages) afin de rendre ces derniers complètement unisexes. Plus de division entre la section pour hommes et la section pour femmes. Ils réviseront même leurs fournisseurs d'accessoires et de produits de beauté afin de refléter leur nouveau mode de pensée.
Mais pourquoi donc tout ce « trouble »? Un but très simple : dénuder l'entreprise de stéréotypes de genre, afin que tous se sentent à l'aise de porter ce qu'ils veulent sans avoir à se sentir jugés, par exemple, de parcourir les sections pour femmes pour chercher un jeans skinny qui a de l'allure quand on est un homme. Ou même une jupe comme celle que Wrkdept présente pour sa nouvelle collection. De nos jours, unisexe est encore synonyme de masculin : une femme, c'est sexy en complet, mais un homme en robe, c'est ridicule. Déconstruire l'idée qu'unisexe signifie masculin, moi je suis d'accord. Je lève mes deux pouces et mes deux gros orteils et tout ce que j'ai en double à Selfridges parce qu'il était temps qu'une chose de la sorte se produise.
(créations unisexes de Rad Hourani, designer Canadien. Credit Stephan Moscovik )
Et pourquoi s'arrêter là? Pourquoi ne pas utiliser l'exemple de Selfridges afin de motiver les autres grands magasins de mode à faire de même? Qu'un homme veuille porter un jeans évasé ou qu'il ait envie de porter un short taille haute court, l'un n'empêche pas l'autre, non? Et ça ne le rend pas plus ou moins « masculin ». En éliminant les sections pour hommes et pour femmes, ce qu'on envoie comme message, c'est soit qui tu veux sans te sentir mal de qui tu es. Ça, je trouve ça inspirant, mais surtout, nécessaire.
Pourquoi nécessaire? Parce qu'aujourd'hui encore, les femmes et les hommes qui ne répondent pas automatiquement au standards hétéronormatifs de genre (et ce, peu importe l'orientation sexuelle), sont parmi les premiers à vivre du harcèlement de rue ou de l'intimidation à l'école ou au travail. Parce que les gens des communautés trans* (particulièrement les minorités raciales) sont les premiers victimes d'agressions physiques et psychologiques dans notre société et qu'ils sont en tête de peloton en ce qui concerne le taux de tentatives de suicide. Et que c'est inacceptable.
(3e collection de Pedram Karimi, designer Montréalais. Credit Andy Long Hoang)
Je ne suis pas idiot au point de croire que d'abolir les sections genrées des magasins va réduire considérablement le taux d'agressions envers les gens dont l'apparence est atypique. Mais je suis optimiste au point de croire que chaque geste posé en est un d'importance et que chaque stéréotype mérite d'être brisé. Parce que tout ce que ça fait, c'est du bien, pour tous. Ça n'empêche pas les gens qui « fittent dans le moule » d'y rester et ça permet à ceux qui n'y trouvent pas leur compte de ne pas se sentir mal d'être. Pis ça, bin y'a rien de mal à ça.