Emanuele Satolli, photojournaliste italien de 35 ans aujourd’hui basé à Rome, a réalisé ce photoreportage très touchant pour le TIME. Il s'agit d'un essai photo pour lequel il a suivi 10 travailleurs immigrés dans un refuge à la frontière nord du Guatemala qui apporte aux travailleurs aide et logement pour quelques jours, avant que ceux-ci passent la frontière américaine pour aller travailler. Le concept lui est venu en 2007 lorsqu’il était basé au Guatemala, alors qu'il a pu observer à quel point la région était touchée par l’immigration vers les États-Unis de travailleurs venus de toute l'Amérique du Sud.
Le photographe explique qu’au-delà d’obtenir les différentes autorisations pour photographier ce genre de lieu, le défi de ce type de travail est le choix du traitement photographique. Et ici, l’angle choisi par Emanuele Satolli fait toute la différence. Il faut jouer avec la manière de traiter les sujets graves de société si on veut faire passer un message, puisque nous sommes habitués à la violence à un tel point qu’on ne la voit plus. Satolli a donc décidé de mettre le focus sur des sujets plus subjectifs afin de faire ressortir la réalité des travailleurs. La naïveté qui ressort des images du contenu des sac de chaque sujet photographié fait ressortir la gravité de la situation. Les clichés de Satolli, en plus d’être beaux, nous font réfléchir.
Carlos a déjà vécu à Miami pendant 10 ans, jusqu'à ce qu'il soit ramené dans son pays il y a 5 mois. Il a essayé de retourner aux États-Unis, mais il a été retourné depuis Mexico. Dans son sac, il avait une chemise, une paire de ciseaux, un pantalon, un rasoir, des pilules, une bouteille de shampooing, un déodorant, une canette de Coke et un t-shirt.
Elle souhaite rejoindre Houston, où sa petite vit avec des parents, depuis que son mari a été déporté. Dans son sac, elle avait une boîte de maquillage, un miroir de poche, un rouge à lèvres, du déodorant, une chemise, une petite bible, un tube de crème pour le visage, un portefeuille, un cellulaire et un chargeur, des pilules, un élastique à cheveux et deux serviettes hygiéniques.
Il vivait et travaillait en Virginie. Il y a deux ans, il a été attrapé au volant de sa voiture lors d'un contrôle routier de la police. Il a été retourné dans son pays. Il essaie de retourner en Virginie. Il voyage sans sac, avec seulement une paire de lunettes pour se fondre dans la masse.
Parmi les 10 personnes suivies, nous avons préféré vous présenter trois histoires choisies pour des petits détails qui nous ont plus particulièrement touchés. Le fait que ces personnes aient déjà une vie aux États-Unis depuis plusieurs années, ou que l'un d'entre eux ne voyage qu'avec une paire de lunettes, pour faire plus local (lire plus américain), par exemple. Mais si nous n'en avons choisi que 3 sur les 10, c'est avant tout pour vous donner envie d'aller lire les autres sur le site du TIME. Ce n'est pas le premier projet d'Emanuele Satolli pour le journal, et il avoue avoir été fortement influencé par la photojournaliste Alice Gabriner dans le traitement de son sujet.
On vous encourage vivement à découvrir le travail de ces deux artistes!
Crédit: Emanuele Satolli
Source:Time.com