Même fabriquée en gros métal, la tringle de mon nouveau réservoir à outfits a rapidement fait une courbe assez dangereuse. On a donc dû visser un support industriel dans le mur avec des visses pas-pour-enfants. Le déménagement dans mon nouveau chez-moi m'a ainsi clairement signifié que ma garde-robe venait d'atteindre un solide breaking point. On semblait me dire de ralentir mes ardeurs de consommateur de mode.
Ayant essayé une pléthore de styles (et fait « quelques » erreurs au passage) durant la jeune vingtaine et mes années universitaires, j'en suis rendu à une idée claire de l'esthétique qui me plaît et me sied. J'ai arrêté de faire l'erreur d'acheter de belles pièces qui n'avaient, par contre, aucun lien avec ce que j'ai, et qui se retrouvaient seules, sans amies avec lesquelles s'agencer. Puis, j'ai eu la chance d'avoir un emploi bien rémunéré, et peu de dépenses majeures, dans les trois dernières années, j'ai donc pété un petit câble et acquis une belle collection de pièces homogènes durant quelques saisons de soldes. Je veux maintenant toujours acheter quelque chose qui est déjà, à quelques détails près, en ma possession…
Vient donc le first world problem: il n'y a pas assez de journées dans une semaine pour que je puisse porter toutes ces belles pièces qui dorment chez moi et qui méritent d'être révélées au grand jour. Si vous aimez vos vêtements autant que moi, vous comprendrez: je me sens coupable de ne pas porter certains morceaux aussi souvent qu'ils le méritent.
Je travaille depuis quelques semaines dans un environnement corporate où les coupes modernes et les couleurs sombres de mes looks clashent avec les complets traditionnels de mes collègues. Dans cette nouvelle vie de bureau, je n'ai donc plus autant d'opportunités d'arborer mes tenues plus extravagantes et casual. La tunique aubergine à col roulé Ovate acquise à l'automne risque de ne pas arpenter trop, trop souvent mon lieu de travail.
Je porte donc les mêmes quelques morceaux (pas « quelques » tant que ça, on s'entend big boi) en semaine, et une deuxième portion de ma garde-robe les fins de semaine. Ce qui m'a mené à faire un triste constat: j'ai trop de vêtements pour mes réels besoins et je ne peux être fidèle à chacun. Le modiste en moi est donc devenu mélancolique, et mon compte en banque, lui, se réjouit. Les soldes qui viennent de passer m'ont ainsi vu que lèche-vitriner.
Je devrai me rabattre sur l'achat d'accessoires, il faut croire. Il y a de toujours de l'espoir, qu'ils disent…