Entrevue avec Andréanne Gauthier, une photographe hors pair et un humain extraordinaire
Félix-Antoine TremblayTous les gens qui croisent sa route s’entendent pour dire que c’est une photographe hors pair, mais aussi que c’est un humain extraordinaire. En plus d’avoir travaillé d’arrache-pied pour en arriver où elle est, la passion qui bout en elle la pousse à toujours aller plus loin. Elle est talentueuse, sensible, drôle et magnifique. J’ai décidé, pour votre bonheur, de vous présenter une des photographes les plus prolifiques de sa génération; Andréanne Gauthier.
D'où t'es venue l'idée d'être photographe?
Je me rappelle exactement le moment ou j'ai eu le flash. À ce moment-là, j’avais les 2 pieds dans le milieu artistique, car j’achevais mon Sport-Arts-Études en danse et je dansais dans un spectacle nommé Ecce Mundo, au Saguenay. Un matin de secondaire 5, dans l’autobus jaune menant à mon cours de danse, j'ai eu l'idée qu'être photographe pouvait être une option. Je n’étais pas attirée par les images plus qu’il faut. Je ne pratiquais pas la photo à ce moment-là, ni personnes dans mon entourage, mais c’est devenu une évidence, je ne pouvais pas l’expliquer. Je pense qu’au fond ce qui m’attirait, c’était d’avoir un métier non conventionnel. J'ai envoyé ma demande au Cégep du Vieux-Montréal en ne réfléchissant pas trop. Et 6 mois après, à 17 ans, je quittais naïvement mon beau Saguenay pour la grande ville! Faut croire que c’était mon destin.
Ça fait 5 ans que tu es sortie de l'école et tu n'as pas chômé. Qu'est-ce qui a été le plus difficile?
Plonger dans le métier à 100% et y plonger seule. Mettre tout ce que tu as (c'est-à-dire pas grand-chose!) dans un métier incertain qui implique beaucoup de frais et une bonne dose de stress. J'avais 22 ans quand j'ai décidé que j'y allais all in. Le studio, l'équipement, la grosse affaire! Je voulais essayer, prendre le risque. Je voulais y mettre mes tripes et ne jamais avoir de regrets ou entendre dans ma tête un ''j’aurais dont du''. Sérieusement, au début, je travaillais pour pouvoir me permettre de faire de la photo. J'ai suivi mon instinct et je le suis toujours parce que jusqu’à maintenant, il est de mon bord !
Est-ce que c'est difficile pour une fille de faire sa place dans ce métier ?
Pour moi, ça va de soit que ça ne fait pas de différence. Malheureusement, je crois qu’il y a encore des préjugés. J'ai souvent trouvé plus pratique de ne pas révéler mon âge, car on s'associe souvent le jeune âge avec manque d'expérience et de crédibilité.
La mode masculine prend de plus en plus de place dans l'industrie, que penses-tu de la place des hommes dans la mode?
Je trouve vraiment intéressant qu’on propose aux hommes des influences complètement éclatées, des inspirations qui sont parfois très loin de ce que la majorité peut assumer. Mais je pense que ces excès amènent plusieurs hommes à oser toujours un peu plus.
Un shoot avec un budget illimité, tu ferais quoi? T'as même le droit aux licornes et de ressusciter quelqu'un.
Beaucoup de fantasmes photographiques se bousculent dans ma tête en ce moment. J'aimerais vraiment entrer dans l'intimité des stars qui ont marqué et marquent encore l'histoire. Du genre Marylin Monroe, Beyonce, Julia Roberts, etc. Vivre le genre de séance où tu as l'impression que tu es la seule photographe au monde qui a accès à leur intimité, à une partie d’elle jamais dévoilée. Mais surtout, d'avoir le droit de prendre des images montrant leur vulnérabilité. Des images brutes et à vif de toutes ces personnes qui paraissent souvent trop parfaitement fortes
Tes idoles? Des gens qui t'inspirent?
Deux photographes qui m’inspirent sont définitivement Lara Jade et Maude Chauvin. J'aime le fait qu'on sente leurs signatures. Leur style est vraiment ancré et défini. Elles ont aussi réussi à se tailler une place de choix ici et à l'international, qui ne rêve pas de ça?!
De quoi tu es la plus fière jusqu'à maintenant?
Je suis fière d'avoir osé y croire, parce qu'aujourd’hui, j'ai vraiment l'impression que je récolte le fruit de mes efforts. J'ai l'immense satisfaction de vivre de mon métier et honnêtement, je pense qu'il y a rien d'autre qui me fasse vibrer autant
Où tu te vois dans 5 ans?
Je me vois poursuivre ma carrière dans le milieu de la photo de casting et assurément collaborer à plusieurs publications éditoriales axées sur le portrait d’artistes mettant de l’avant les artistes de chez nous. J’aime vraiment beaucoup le portrait intimiste autant que celui frôlant la mode. Je tiens particulièrement à être une référence dans mon milieu.
Qu'est-ce qui te charme à coup sûr chez un gars?
Un gars qui me fait rire, un gars qui a confiance en lui sans trop se prendre au sérieux. Et tant qu’à y être, une belle p’tite barbe c’est vraiment gagnant.
Découvrez le travail d'Andréanne sur son site Web, en plus de chez JJ Louis, avec qui elle travaille en étroite collaboration.